"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

lundi 29 janvier 2018

COMMENT ENTERRER définitivement CE "PERVERS" DE LENINE?

Ma biographie salopée et le renégat Courtois

Tome 1 de Ribouldingue-Courtois
Courtois Stéphane avec la plus grande conviction, se croit et se proclame historien. Il traite les bolcheviques de « socialistes gouvernementaux ». En défendant les démocrates bourgeois (dont il applique entièrement les idées sans avouer ouvertement sa solidarité avec eux), Courtois a montré d'une façon saisissante ce qu'était sa version trafiquée de l'expérience bolchevique qui n'a jamais prétendu avoir réalisé le communisme. Et comme Courtois n'est pas un isolé, mais le représentant d'une classe possédante qui se croit éternelle, il serait instructif de nous arrêter, après tant d'autres « Tyran rouge », « Autocrate Lénine », « magouilleur Lénine » à « la biographie de Lénine» selon le sieur Courtois. Moi, inventeur du totalitarisme? Il rigole Ribouldingue!

Insistant sur le fait que les démocrates bourgeois européens, eux aussi, ont fait la guerre mondiale (c'est un diplôme, certes, mais... un diplôme un peu moisi), Courtois expose ainsi leurs idées, que d'ailleurs il partage :
« ...Les démocrates voulaient la paix universelle, et ils voulaient que tous les belligérants adoptent le mot d'ordre : ni annexions ni contributions. Aussi longtemps que ce but ne serait pas atteint, l'armée russe devait se tenir prête, l'arme au pied. Les démocrates, eux, exigeaient la paix immédiate à tout prix; ils étaient disposés, en cas de besoin, à conclure une paix séparée et ils s'efforçaient de l'arracher par la force pour parer à la désorganisation déjà bien grande des armées en lice ».
D'après Courtois, les bolchéviques ne devaient pas prendre le pouvoir, mais se contenter de la Constituante. Ainsi donc l'internationalisme de Courtois et des républicains démocrates consiste en ceci : exiger des réformes du gouvernement bourgeois impérialiste, mais continuer de le soutenir, continuer de soutenir la guerre menée par ce gouvernement jusqu'à ce que tous les belligérants aient adopté le mot d'ordre : ni annexions ni contributions. C'est bien là l'idée que Turati, les kautskistes (Haase et autres), Longuet et Cie ont maintes fois exprimée en déclarant qu'ils étaient pour la « défense de la patrie ».
Au point de vue théorique, c'est se montrer entièrement incapables de se séparer des social chauvins et faire preuve d'une confusion totale dans la question de la défense de la patrie. Au point de vue politique, c'est substituer le nationalisme petit bourgeois à l'internationalisme, et passer au réformisme, c'est renoncer à la révolution.
Reconnaître la « défense de la patrie » c'est, du point de vue du prolétariat, justifier la guerre actuelle, en reconnaître la légitimité. Et comme la guerre reste impérialiste (aussi bien sous la monarchie que sous la république) indépendamment du territoire où sont postées les troupes ennemies à un moment donné,   dans mon pays ou dans un pays étranger,   reconnaître la défense de la patrie, c'est en fait soutenir la bourgeoisie impérialiste, exploiteuse, c'est trahir le socialisme. En Russie, même sous Kérenski, en république démocratique bourgeoise, la guerre continuait d'être impérialiste puisque c'est la bourgeoisie en tant que classe dominante qui la menait (or, la guerre est le « prolongement de la politique »); et l'expression particulièrement frappante du caractère impérialiste de la guerre, c'était les traités secrets sur le partage du monde et le pillage des pays étrangers, conclus par l'ex tsar avec les capitalistes d'Angleterre et de France.
Les mencheviques trompaient indignement le peuple en présentant cette guerre comme une guerre défensive ou révolutionnaire, et Courtois, en approuvant la politique des mencheviques, approuve cette mystification du peuple; il fait ainsi le jeu des petits bourgeois qui servaient le Capital en dupant les ouvriers, en les attachant au char des impérialistes. Courtois fait une politique typiquement petite-bourgeoise, philistine, en s'imaginant (et en suggérant aux masses cette idée absurde) que la proclamation d'un mot d'ordre change quelque chose à l'affaire. Toute l'histoire de la démocratie bourgeoise dénonce cette illusion : pour tromper le peuple, les démocrates bourgeois ont toujours formulé et formulent toujours tous les « mots d'ordre » que l'on veut. Il s'agit de vérifier leur sincérité, de confronter les actes avec les paroles, de ne pas se contenter de phrases idéalistes ou charlatanesques, mais d'en rechercher le réel contenu de classe. La guerre impérialiste ne cesse pas d'être impérialiste lorsque les charlatans ou les phraseurs, ou les philistins petits bourgeois lancent un « mot d'ordre » à l'eau de rose, mais seulement lorsque la classe qui mène cette guerre impérialiste et lui est attachée par des millions de fils (si ce n'est de câbles) économiques, est renversée en fait et remplacée au pouvoir par la classe vraiment révolutionnaire, le prolétariat. Il n'est pas d'autre moyen de s’arracher à la guerre impérialiste, de même qu'à une paix de rapine impérialiste.
En approuvant la politique extérieure des généraux démocrates qu'il déclare pacifiste et républicaine, Courtois, premièrement, montre par là toute la corruption des ministères de la bourgeoisie en guerre; en second lieu, et c'est le principal, Courtois passe de la position du prolétariat à la position de la petite bourgeoisie, de la position révolutionnaire à la position réformiste. Le prolétariat lutte pour le renversement révolutionnaire de la bourgeoisie impérialiste; la petite bourgeoisie écologiste, pour le « perfectionnement » réformiste de l'impérialisme, pour s'y adapter en se subordonnant à lui. A l'époque où Courtois était encore marxiste-léniniste (théorie débile dont je refuse la paternité), par exemple en 1968, au moment où il militait dans les rangs maoïstes, il soutenait un galimatias de marxisme-léninisme qui adoubait les pires horreurs du stalinisme et du tyran Mao en Chine.
Pour épargner des dépenses inutiles à mes pauvres héritiers maximalistes, j'ai fait l'effort d'acheter le coûteux dernier pensum de Courtois vendu en supermarché, avec le peu de deniers que je perçois de ma retraite éternelle au Kremlin. Je l'ai épluché pendant plus d'une semaine. L'exercice fut assez rébarbatif, ce philistin est plein de haine et de fureur à mon égard. Puis j'ai renoncé, lassé de tant de falsifications, de raccourcis frauduleux et d'approximations d'enculé. J'ai prêté le pensum à mon homme de confiance, rédacteur du Prolétariat Universel. Il se charge de rectifier et de recadrer cette ignoble propagande pour le centenaire de notre révolution prolétarienne, dont les derniers opus sont à charge contre moi comme responsable du stalinisme. Ce qui est un comble et une hérésie historique, pardon hystérique.
Avec mes salutations communistes, Vladimir Lénine


UN TISSU DE CALOMNIES POUR ERADIQUER TOUTE CONTINUITE HISTORIQUE AU MOUVEMENT REVOLUTIONNAIRE POUR ABOLIR LE CAPITALISME



« On a réduit sa carrière politique à un certain nombre de phrases choquantes, datant le plus souvent de la guerre civile, dans lesquelles il réclamait la plus féroce répression. Manifestement, l'immense drame de la révolution russe et ses tragiques conséquences avaient eu pour seule cause l'intolérance et la cruauté d'un homme ».
Lars T. Lih (Lénine une biographie,2011, Reaktion books)
« La force du prolétariat dans le mouvement historique est infiniment plus importante que sa part dans l'ensemble de la population ». Lénine (tome 3 des OC, p.13)
« Tout ce que je sais c'est que je ne suis pas et ne serai jamais « léniniste ».
Lénine


Lénine fût un « polémiste impétueux », certainement pas un courroucé autoritaire, et, ajoute Lars Lih, « ce qui fait qu'il est captivant »1. Très très juste. Lénine ou l'indignation sans fin. J'ajoute même une chose qui va révulser nos divers conseillistes anars bien pensants de la mouvance anti-Lénine primaire : même au pouvoir (local et relatif) Lénine reste un profond penseur contre le système capitaliste. Comme en témoignent ses derniers écrits à la veille de la terrible paralysie qui va l'emporter si jeune ; il n'est nullement habité ni flatté de ses fonctions suprêmes. Il sait toute la relativité du pouvoir de cet Etat qu'il décrit comme transitoire, bourré de tares, à la tête d'un territoire, certes immense, mais tout petit face à la puissance du capitalisme mondial. On n'a jamais vu un « dictateur » se poser le problème de perdre le pouvoir, de se barrer du pouvoir, ni d'être à la tête d'un Etat bancal plein de bureaucrates incapables. Depuis son fameux texte écrit quelques jours avant l'insurrection - « Les bolcheviques garderont-ils le pouvoir ? » - où il fait dépendre la survie de l'Etat transitoire en Russie de la victoire « de la révolution socialiste mondiale », jusqu'à son dernier texte – Mieux vaut moins mais mieux2 - où il se démène pour corriger les défauts « capitalistes d'Etat » de son gouvernement dit ouvrier-paysan, et prend en compte le danger d'identification du parti à l'Etat, il y a toujours le même questionnement sur les limites de l'expérience en Russie impuissante à déboucher sur la globalité communiste rêvée dans le Manifeste de 1848.
Lénine reste un penseur original, anti-système. Même s'il est entraîné dans l'échec par l'isolement de la révolution et le fait d'assumer la direction d'un Etat bâtard et qui est en train de se retourner contre lui de son vivant (cf. sa formule : « la machine nous échappe des mains »), il ne cesse de porter les critiques les plus impitoyables contre les défauts qui font surface, contre le flot d'arrivistes sans gêne qui viennent veulement se mettre au service de l'Etat qui n'est pas plus « ouvrier » que « communiste », qu'il reconnaît carrément, plus lucide que son second, Trotsky, en définitive comme de type capitalisme d'Etat. Trotsky n'a jamais eu le génie politique de Lénine. Il eût du flair pour la période, plume de paon il est aussi bon historien. Politiquement il n'a jamais su construire une organisation ; assez naïf il s'est fait balader par tant d'aventuriers qu'on peut en déduire que sans l'ossature du parti bolchevique il serait resté un brillant révolutionnaire de second ordre. Si Lénine voit en permanence, quelques fois trop tardivement, les défauts de l'Etat russe, Trotsky lui n'y pige que pouic et va embobiner des générations de « trotskistes » avec cette fable de « défense de l'Etat ouvrier », ce que Lénine avait clairement rejeté. On renoue souvent avec ses enthousiasmes de jeunesse et Trotsky finira dans une variété radicale de menchévisme avec sa panoplie ridicule du programme de transition, et son soutien à la bourgeoisie antifasciste. Il n'aura jamais le mordant ni cette capacité de Lénine à remettre en cause clichés ou croyances de la veille. Lénine est un personnage hyper-brillant, et comme la plupart des gens brillants, il a l'insulte facile parce que vous ne comprenez pas assez vite. Il n'écrit pas aussi bien que Trotsky, répète souvent, tonne, engueule mais le style n'est pas offensant. On a dit de Proust qu'il avait permis d'approcher les développements de l'âme humaine. Proust a été bien moins lu que Lénine dans le monde, et on peut aussi appliquer aux écrits polémiques de ce dernier les mêmes qualités : le ton est immédiatement hardi, il vous accroche à la boutonnière et ne vous lâche plus, il tape dans le mille, il entraîne l'adhésion parce qu'il ne joue pas au professeur lymphatique que ne s'abaisserait pas à se mettre en colère. 
Il est au fond mieux qu'un professeur universitaire, hautain gandin de l'Eduque naze, il est un maître d'école en politique. Son raisonnement, son argumentation enflammée mais cohérente et logique, est un modèle d'apprentissage pour celui ou celle qui veut se lancer dans le combat révolutionnaire moderne. Le discours est passionné, étranger totalement à la langue de bois, plein de subtilités malgré un abord simple.

Non Lénine n'est pas un intellectuel comme les autres. Il s'énerve comme un ouvrier révolté s'énerverait. Il ne craint nullement d'être un éléphant dans un magasin de bimbeloteries pour dames huppées. C'est pourquoi il a séduit des millions même diffusé par les éditions renégates staliniennes. C'est pourquoi il a tant séduit aussi dans le tiers-monde où cette indignation toujours présente dans ses écrits n'a rien à voir avec la faconde et l'obséquiosité qu'affichaient les professeurs blancs de la colonisation. Trotsky, lorsqu'il s'énerve fait tout petit prince, on sent qu'il se fait le perroquet de Lénine ; et comme tout perroquet il s'avère incapable d'une vraie pensée critique de son capitalisme contemporain, il radote et compose avec les fractions bourgeoises. N'est pas Lénine qui veut ; et je pense à une flopée de petits léninistes estudiantins qui ont prétendu se grimer avec la même casquette que Lénine lors des sixties rêveuses.
Lénine n'est pas un penseur russe, ni un héritier des cosaques. Toujours sa ligne de mire restera Kaustsky, c'est à dire la référence marxiste de la grande II ème Internationale, avec au cœur la blessure de sa trahison. Comment aller plus loin dans la réussite de l'internationalisation de la révolution à partir d'un pays aussi arriéré et totalitaire que l'ex-empire russe ? Comment ne pas rééditer la faillite de la Commune de Paris ? Voilà pourquoi l'échec en Russie a encore plus affaibli Lénine dans la maladie qui lui a été fatale. La contre-révolution souterraine avait déjà anéanti ce cerveau hors norme.


FAIRE PLUS, MAIS PLUS PERVERS

Que vingt ans après la compil « Le livre noir du communisme », Stéphane Courtois se soit senti obligé de revenir salir l'expérience bolchevique m'a tout d'abord interrogé. La charge fielleuse tout azimut avec chiffres faramineux des « victimes du communisme » n'avait-elle pas été suffisante pour rasséréner ses commanditaires bourgeois ? Ou y avait-il simplement une opportunité éditoriale juteuse pour le centenaire d'Octobre 17 ? Les deux probablement, mais une plus sûrement. Courtois, avec sa tronche de Ribouldingue, s'est aperçu en contemplant le pavé mensonger auquel il avait présidé que n'était consacré à criminaliser et déformer la révolution en Russie que 200 pages sur 1000, soit à peine un cinquième quand le reste étalait les turpitudes réelles des héritiers maoïstes et cambodgiens du stalinisme. Plus effarant, Courtois comprit qu'avec les autres pieds nickelés de la
Le livre noirci des Courtois/Werth/Panné
dénonciation d'un communisme qui n'a jamais existé, que cette lourde compil des prétendus « crimes du communisme » avait eu autant d'effet que nos vieux bottins de téléphone. Et pour cause, aucun des faux derches ne s'était attaqué à ce qui reste une épine dans le talon de l'idéologie dominante : la coupure entre l'expérience avec Lénine et l'irruption de la barbarie stalinienne. Hors de notre petit milieu maximaliste, nous savons que des millions de par le monde savent cette coupure – et ce n'est pas une fake new – le réfléchissent et se fichent des prétendus « savoirs » d'historiens apothicaires en manque de royalties et de légion d'honneur. Le « tyran » Lénine eût fort affaire d'ailleurs de son vif à des opposants – plus clairs que lui sur la dégénérescence – et auxquels il ne coupa point le kiki comme Robespierre, à qui les chasseurs de léninistes le comparent abusivement. Le rapport de Khrouchtchev en 1956 fait mine de laisser tomber Staline pour un retour à un Lénine trafiqué, remercié d'avoir créé le parti "monolithique"; or ni le POSDR ni la 3e Internationale n'étaient monolithiques; puis de Brejnev à Gorbatchev la question fut bien plutôt "Que faire du stalinisme agonisant?". Les derniers staliniens et ceux qui utilisent les mêmes méthodes de falsification comme Courtois ne peuvent même plus servir de repoussoir ni masquer la véritable synthèse d'une génération de socialistes russes dans les écrits intransigeants de Lénine, pour tous ceux qui gardent un esprit critique face aux répétitifs dénigrement du mouvement révolutionnaire marxiste.
Dès l'abord, on comprend que Courtois vise une clientèle poutinienne, outre d'autres traductions attendues partout ailleurs, pour rivaliser en prix de revient avec d'autres compétiteurs d'aussi mauvaise foi. Il tressera régulièrement des lauriers aux « traditions russes », sans oublier nombre de génuflexions pour ce pauvre Alexandre II, à faire rougir de jalousie l'autre monarchiste Victor Loupan3. Ribouldingue surgit donc comme un pied nickelé de la « révolution documentaire » (p.23) où l'autre pied nickelé, Filochard Werth aurait montré que concernant la terreur, le père fondateur était bien Oulianov (qu'il nomme selon son humeur Vladimir, Volodia ou Ilitch) : « Werth montrait la responsabilité originelle et très active du chef des bolcheviks ». Voici Ribouldigue en piste avec un attaque ad hominem qui va être conduite à la façon d'un procès de Moscou mais avec pour code d'honneur et base idéologique : le combat contre le totalitarisme ; Lénine « inaugurant l'ère des totalitarismes ».
Or, manque de pot, la notion de totalitarisme fût une invention du début de la période dite de guerre froide, plus inventée certainement par la CIA que par Hannah Arendt. Louche très louche notion qui allait servir à sponsoriser et à décrédibiliser le « glacis soviétique » durant un bon demi-siècle. Mais, il faut le reconnaître, pour caractériser une occupation des vastes steppes russes et des petits frères contrits de l'Est européen comme « communisme » tout en sachant, entre gens instruits, qu'il ne s'est agi que d'un vulgaire capitalisme d'Etat, bien utile à la paix armée pour les impérialisme occidentaux, au moins aussi « totalitaires » dans leur zone de contrôle. Le totalitarisme de régimes barbares exista bien avant dans l'Antiquité et au Moyen âge, de Néron à César, de Genghis Khan à Tamerlan. Question totalitarisme avec la terreur religieuse et policière et le long règne de l'esclavage, l'autocratie tsariste (19 Romanov ce fut long) a été autrement totalitaire que le bref passage des bolcheviques au pouvoir de l'empire. De toute façon, vous ne trouverez aucune démonstration argumentée du concept de totalitarisme, Courtois se contentant de semer toutes les trente pages : « voilà c'était du totalitarisme ». Il a choisi plutôt de truquer moments événementiels et prises de position (circonstancielles) de Lénine au cours de sa vie harceler avec la lâcheté du rond de cuir, balancer comme n'importe quel collabo, pour démolir, démolir, jeter le trouble et pisser sur tout ce qu'a fait ou pu dire Lénine.
Les valets de l'impérialisme idéologique utilisent la même méthode classique pour dénigrer les chefs, les guides ou les individus hors norme qui symbolisent ou se mettent à la tête des révoltés, des insurgés en tout genre qui sont en général de pauvre extraction. Votre « leader » a eu une enfance privilégiée ! Toc on jette le doute. UN révolté est forcément un pauvre con sinon c'est un type louche, n'est-ce pas ? Et puis les premiers bolcheviques ne sont-ils pas une lie de la société, des marginaux louches, n'est-ce pas ? : « … cette intelligentsia était en bonne partie formée d'étudiants sans diplômes, de séminaristes défroqués et d'autodidactes très éloignés des milieux cultivés et savants ». (p43). Ribouldigue vise-t-il aussi à séduire ses lecteurs FN, en remarquant, l'air de pas y toucher – comme lorsqu'il précise systématiquement le vrai nom juif de nombre des compagnons de Lénine – que le jeune Volodia (Lénine enfant) avait un livre sur sa table de chevet : « la case de l'Oncle Tom », un best seller du 19e siècle. Quoi ? en plus enfant ! le futur tyran se souciait des « nègres » ?
Passons à l'adolescence « fracassée » (comprenez que le zigoto n'a pas pu avoir une adolescence « normale ». Avant de nous peindre l'ado Vladimir, 15 ans à peine, environné par de paranoïaques terroristes débutants, notre ex-mao invente un Kautsky se moquant de Marx sur la question du terrorisme (p. 66-67). Ce n'est qu'une affabulation, si Marx et Engels ont logiquement salué les premiers actes terroristes en Russie, ils ont vite renoncé à le soutenir dans la deuxième moitié du 19 e siècle, remettant en cause du coup aussi les petits bourgeois sanguinaires de 1793. Cette moquerie supposée de Plekhanov à l'encontre de Marx aurait donc été le cadre où se serait laissé piéger le grand frère de Lénine, Alexandre. Confus l'historien mao !
L'ado Vladimir est quelque peu « perturbé » par la pendaison de son frère mêlé à un groupe de terroristes peu expérimentés ; qui le serait à moins ? Mais le Yann Moix de l'historiographie bourgeois ne s'en tient pas là. Il danse sur le cadavre d'Alexandre et la peine immense de Volodia, mais il lui faut cracher encore sur l'ado en pleurs. L'assassinat légal le « fait se raidir dans une posture aristocratique », et « devant la police, il lui arriva même de signer : « Noble héréditaire Vladimir Oulianov ». Ribouldingue est si bête qu'il ne saisit jamais l'humour dévastateur de Lénine ; moi à sa place j'aurais pu signer « président de la république » ou « roi d'Auvergne et de Lozère » pour me ficher des pandores. (p.70)
Le procureur Ribouldingue va appliquer ensuite la méthode psychologique, très recherchée par tous les Torquemadas justiciers du capitalisme moderne depuis un siècle : « Boris Cyrulnik explique la situation dans laquelle se trouve alors le polytraumatisé psychologique... » (p.73).
Euréka ! Le polytraumatisé Lénine va donc chercher ses sources chez Tchernychevski. Le sadisme de Lénine est identifiable par son intérêt pour le bistouri dans le roman de Techernychevski, et le totalitarisme est en germe car : « … on y croise aussi l'idée utopique de « l'unanimité » dont Lénine fera son credo pour le fonctionnement du groupe bolchevique dès 1903 » (p.80). Encore un gros gros mensonge de Ribouldingue, qui peut faire sourire même un trotskien bas de gamme, Lénine est surtout connu pour son intransigeance et la scission à chaque fois que les opportunistes veulent engluer le mouvement dans l'unanimisme4.
D'ailleurs le polytraumatisé n'a accès au monde ouvrier que par la lecture (c'est faux il est souvent allé aux usines en France ou en Russie pour discuter avec les ouvriers ou même les interviewer), et, donc (sic) : « cette passion révolutionnaire implique un acte de foi, la conversion à une religion politique ». En gros il est habité par une narcissique « volonté de puissance » (p82).
S'appuyer sur les « on dit que », vient relayer l'analyse psychologique du polytraumatisé : « Nombre de témoins, à commencer par Trotsky et Valentinov, ont raconté comment, lors de leurs premières rencontres avec Lénine, celui-ci les soumettait à un véritable interrogatoire pour s'assurer leur attachement à ses idées et à sa personne, quitte à les rejeter avec violence au premier doute » (p.84). Ainsi notre polytraumatisé devient caractériel voire pervers narcissique comme tant de beaufs trotskiens de notre 21 e siècle ! Ses polémiques sont « grossières », il fait un «usage systématique de l'insulte »... il traite les gens « d'enculés » dans les conversations privées ! La page 85 aurait pu être écrite par n'importe quel éditorialiste nazi anti-léniniste très primaire : « La grandeur de la fin (communiste) justifie l'horreur des moyens ». Ribouldingue tenait à nous lâcher un bon mot sur l'avenir du polytraumatisé « en plein drame familial et en crise identitaire d'adolescence ». Envisager le communisme pour l'humanité ne serait donc qu'une « crise identitaire d'adolescence » ?
On se rapproche peu à peu de la réalité totalitaire de Ribouldingue concernant un ado polytraumatisé. Il aurait été en réalité très suggestionné par le catéchisme de cet idiot de Netchaïev, reprenant un des préceptes (honteux) du catéchisme terroriste : « Enfin, était exigée « l'entière franchise des membres vis à vis de l'organisateur ». Autant de principes que Vladimir allait reprendre et systématiser dans le premier ouvrage signé sous le pseudonyme de Lénine, son Que Faire ? De 1902 (…) Lénine allait dans cette lignée considérer les membres de son parti comme des « agents », chargés d'exécuter avec discipline les ordres de la direction » p.91). C'est archi faux !
Pas plus bordélique que le parti bolchevique, où les militants sont si indisciplinés que même Arlette Laguiller aurait refusé de les admettre comme sympathisants à sa secte ; ça gueule, ça désobéit sans arrêt, deux zigotos du comité central annonce même publiquement le jour prévu pour l'insurrection. Oui sur la question de la discipline clandestine (quand on y est réduit) Netchaïev avait raison, mais il n'a rien à voir avec Lénine qui a choisi le parti des masses et pas celui de la bombe. Pendant des pages et des pages Courtois tente de nous faire passer Lénine pour un marginal à la Netchaïev, un éternel polytraumatisé cachant un sadique pervers, adepte de la théorie névrotique de la vengeance, résumé totalitaire : « Ces deux grands axes de réflexion – haine de classe et organisation de révolutionnaires professionnels – ont imprégné la conscience d'un homme avide de vengeance et conscient de l'amateurisme des premiers opposants à l'autocratie » (p.95).
Attention voici le premier lien, certes ténu, avec l'héritage lénino-stalinien : « Ainsi, sous le Catéchisme couvait déjà la figure du communiste-bandit à la mentalité de cruel parrain mafieux, celui que Lénine qualifierait de « merveilleux Géorgien », un certain Iossif Djougachvili, plus connu sous son pseudonyme de Staline » (p.97). Le polytraumatisé, replié dans une position antalgique (comme aurait dit saint Boris Cyrulnik) déniait névrotiquement l'image identitaire de ce petit salaud de Netchaïev ! « Il se reconstruisit en adoptant, de manière largement artificielle, une autre filiation à travers une nouvelle paternité idéologique dont il allait faire son miel »... un marxisme primaire (p.105).


Démolition à suivre...





NOTES


1Je conseille vivement de lire la biographie par ce Lars Lih (ed Les prairies ordinaires), où même avec un traitement romantique littéraire, l'auteur dit des choses essentielles, ignorées jusque là, même s'il perd un peu le fil vers la fin, où il faut absolument lire la postface de Jean Batou, pourtant lui aussi limité par son passé trotskien.
2https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1923/03/vil19230304.htm
3Que je n'ai pas loupé. Que j'ai également recensé et démonté au début de la fulgurance des biographies haineuses contre le « tyran » à la date anniversaire : https://proletariatuniversel.blogspot.fr/search?q=victor
4Courtois est un âne de première qui colle et assemble des raccourcis imbitables, et fait des rapprochements qui ne tiennent pas debout. Premièrement il tait l'intensité des débats à l'époque, notamment avec Rosa Luxemburg qui n'envoie pas de fleurs à Lénine, l'obligeant même à repréciser sa pensée, notamment dans l'extraordinaire texte méconnu « un pas en avant, deux pas en arrière », qui continue à être oublié ou confondu avec le livre du même titre. Courtois ne l'a visiblement pas lu, ou le laisse de côté par filouterie ; de même il n'a pas lu les débats du congrès de 1903 (puisque c'est moi qui les ai traduit sur ce blog)où il aurait été penaud de voir un Lénine pas du tout autocrate mais souvent mis en minorité ou obligé de corriger ses propres contradictions. Toute l'histoire du parti bolchevique est d'ailleurs débats contradictoires, engueulades sans souci de hiérarchie, en fait un modèle de parti comme Ribouldingue pourrait le conseiller au partis bourgeois hiérarchisés, totalitaires et sectaires dont il défend la théorie pourrie de la démocratie... corrompue.

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