"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 26 septembre 2015

Migrations : Les otages des sphères entremêlées de l'entreprise, du politique et du religieux



Le vendredi soir, l'émission « Ce soir ou jamais » dénote dans le PAF, plus iconoclaste, avec des invités pas toujours en odeur de sainteté, elle peut contribuer à la réflexion critique, même si elle est autocensurée et muselée comme il convient à la pensée unique de la dictature étatique. Le sujet des migrants, terme honni par les dominants pour l'heure au profit du plus charitable terme de réfugiés (auquel se plie l'animateur D.Taddeï), est porteur d'interrogations sans fin, de confusions avérées, d'anathèmes parfaitement rodés. La présence de deux ténors des médias en osmose avec la gauche bourgeoise au pouvoir garantissait l'onction charité business, paix aux vendeurs d'armes et sacralisation d'un islam bcbg. Edgar Morin et Jacques Attali, roi des nomades, ne se privèrent pas de roucouler pour l'ouverture tous azimuts aux réfugiés, cette chance inouïe pour la nation française, cette dynamique sociale pour la sortir de son étroitesse. E.Morin, longtemps brillant esprit critique défiant toute incarcération idéologique s'est avéré piètre questeur de charité. J.Attali, ménageant ses effets impressionnistes en assurant que 100 millions d'africains viendraient bientôt s'installer en Europe, que c'est une félicité cet apport indéniable (mais pas massif, seulement 0,1 % de la pop européenne), récitant sa prévision éditoriale du bonheur universel, alignant avec arrogance des connaissances historiques stupides et hors de propos (les réfugiés francs n'ont-ils pas envahi les gaulois ? Lors de la débâcle de l'an 40, les français du sud n'ont-ils pas assimilé les fuyards du nord?), fût ridiculisé par une jeune journaliste rappelant qu'il avait conseillé Mitterrand pendant des décennies avec le même discours toujours aussi lénifiant et foireux1. Une vieille dame géographe, avec une culture et un caractère indéniable, approcha plus la vérité des exodes actuels que les prêcheurs de solidarité parfaitement hypocrites et loin des réalités. Même Henri Gaino, ex comparse de Sarkozy, quoique ridicule en tentant de justifier la lamentable intervention impérialiste de son chef en Libye, était au plus près de la réalité en appelant à une réelle intervention militaire contre Daesch « au sol » ; car la guerre est le principal sujet délibérément évacué par tous les marchands de solidarité et de ressourcement démographique du plateau TV ; bien sûr nous aurions proposé l'option (des camarades du PCI) de retirer l'armée française de la boucherie, mais la bourgeoisie française reste vassale de l'américaine (d'une des fractions US) et les « sphères entremêlées de l'entreprise, du politique et du religieux » (intertitre d'un article du Figaro sur les patrons français à l'assaut de l'Iran) vont bon train en faveur des sunnites comme en faveur des chiites.
Les opposants aux charitables et oecuméniques Morin et à l'empereur du nomadisme Attali eurent l'occasion de nous délivrer quelques vérités bien trempées néanmoins.

Tous s'accordaient pour qualifier d'imprévoyance la réaction des Etats, impéritie que j'avais dénoncé moi-même au début sur ce blog, mais en réalité l'argument d'impéritie devient maintenant chez ces cuistres un moyen de renforcer une impérative charité, sans discuter – prière d'obtempérer au « sauvetage humanitaire » comme hier à l'antifascisme recruteur et à l'antiracisme interclassiste – quand en réalité ils savaient peu ou prou que, au bout d'un certain temps, les soit disant réfugiés au Liban et en Turquie, allaient vouloir échapper à une situation misérable de confinement. Cette vague, contrairement à ce qu'on avait voulu nous faire croire, n'était plus directement liée à la fuite de la guerre en Syrie mais à une échappatoire aux camps d'internements libanais et turcs, si aimablement jetés à la face de cette ingrate Europe, comme modèles d'accueil, modèle en outre exemplaire en proportion du petit Liban par exemple. Attali avait rivalisé avec des tonnes de chiffres pour gommer l'ampleur de l'exode, tout comme pour minimiser le « transport islamique » de ces populations. Pas si confortables et accueillants les dits camps d'accueil car, ce ne fût pas dit, payants et humiliants pour les couches moyennes en fuite. Pas si universels et égaux dans la misère les (potentiels) réfugiés !2 Ne voilà-t-il pas que certains nous décrivaient deux classes : ceux qui ont les moyens de payer aux passeurs les 3000 euros par personne visa pour accéder à l'Europe riche et prometteuse, et les autres contraints de rester dans les camps aux abords de leur ancien pays, avec pour tout viatique d'espérer que cela se calme et de retourner dans leurs demeures, villages ou villes en ruine.
Ce qui était jusque là présenté par les hypocrites gouvernements bourgeois et leurs suivistes les islamo-gauchistes comme nécessité humanitaire primaire n'était même pas une fuite de la guerre inter-impérialiste en Syrie, mais une fuite des camps de réfugiés, par des populations (petits bourgeois et prolétaires) lassés d'attendre la fin de la boucherie des capitalismes en lice, pour rejoindre, une nouvelle fois au péril de leur vie, d'autres camps de réfugiés, aussi misérables et avec un filtrage humiliant des capacités de chacun au nom des besoins de l'industrie allemande et suédoise ; un intervenant souligna très justement qu'il ne s'agissait aucune
ment de venir en aide aux plus nécessiteux ; ces derniers crèvent sous les ponts de Paris, Londres et Berlin et l'ouverture si généreuse « à tous les migrants du monde » vient alimenter et développer le métier très lucratif de passeur (les articles du Figaro du 28 septembre – Calais : les camps de migrants sous la coupe des gangs – illustrent le fait indéniable que la charité immigrationniste ne fait en réalité que créer et démultiplier un « marché de l'immigration » comparable à celui de la drogue, aussi criminel et dénué de scrupule, et nullement un nouvel essor de la classe ouvrière « internationaliste », mais enfoncement dans la terreur et la prise d'otages des pauvres hères des camps comme des habitants du voisinage. Un des participants tint à ajouter que le phénomène migratoire n'en est qu'à son début et nullement idyllique, par exemple lorsque viendra le tour de l'Algérie après la disparition de Bouteflika...

L'émission refermée il ne restait que le même sentiment de malaise, cette volonté cynique des puissants de culpabiliser la classe ouvrière pour indifférence face aux migrations de guerre (ce qui est faux, les prolétaires même ceux qui votent FN, sont consternés), et leur rejet évident (majoritaire et laïque) de l'expansion de l'islam sous toutes ses coutures, j'allais dire sous tous ses voiles diversifiés en couleur ou noir et blanc et ce malgré de très totalitaires campagnes de moralisation islamophile, et de chasse aux rares intellos rétifs et méritants comme ce pauvre Onfray dont Julliard prend la défense). Cette confusion voulue de la charité pour réfugié (potentiel) et d'un islam migrant a le goût du stalinisme pour ceux qui crurent qu'il ouvrait la voie au véritable bonheur humain et communiste. C'est ce néo-libéralisme accouplé au néo-islamisme qui nous produira de plus en plus de monstres, comme les islamo-gauchistes et leurs confrères du même bateau identitaire.

Les populations en fuite, qu'on les caractérise comme migrants, réfugiés ou syriens, ou syriens déguisés ne sont que les otages des « sphères entremêlées de l'entreprise, du politique et du religieux ». Et nous aussi, mais plus confortablement pour l'heure.


QUELQUES LECTURES
  • Quel âge post-séculier ? Religions, démocraties, sciences (collectif d'auteurs, ed EHESS) : ouvrage académique assez rébarbatif pour nous les manants mais où on peut piocher des remarques intéressantes.
    Sur la « visibilité des musulmans » : « ...l'exposition dont ont fait l'objet certaines populations en lien avec l'actualité géopolitique après le 11 septembre 2011. Ces populations ont été recatégorisées, passant du statut de « travailleurs » ou « immigrés étrangers » à celui de « musulmans », indépendamment de leur pratique effective de la religion » (Philippe Gonzalez, p.252).
    La foi n'est plus ce qu'elle était : « De même qu'il y a une histoire de la morale, de ce qui fait ou pas question morale, il y a une histoire du culte, à laquelle on ne s'intéresse pas assez. Prenons quelques exemples. La piété religieuse dans la Rome antique, indissociablement liée à la vie civile, était une piété de gestes culturels, et la religion était un acte civil, et non une piété intérieure, intime et subjective. Cela est resté largement le cas dans le monde chrétien, en dehors des époques d'inquiétude c'est à dire justement de doutes, de troubles et de réformes religieuses. C'est d'ailleurs Epicure qui le premier, bien avant saint Paul, utilise le mot foi, pistis, dans le sens d'une conviction intime, opposée à tous les autres cultes, tenus pour des superstitions – c'est pour lui la conviction que l'accès au divin est ouvert immédiatement et de manière égale à tous les humains ». (Olivier Abel, p.384, un genre d'interprétation islamophile très discutable car il n'y était pas à cet époque pour témoigner un tel comportement...). Confus et contradictoire sur ces sujets religieux tous marécageux, cet auteur a des lumières : « ...on pourrait parler de néolibéralisme religieux... on peut se demander si ce néolibéralisme n'est pas en train d'engendrer des monstres. C'est ce management total de nos vies et de notre monde par une option sans retour, ce « libéral-totalitarisme », si l'on peut dire, qu'il nous faut comprendre » (p.389). « La foi sans la culture est monstrueuses, et vire au fondamentalisme inculte. Mais la culture sans la foi l'est aussi, et vire à l'intégrisme identitaire ».
  • De la théologie à la libération, histoire du jihad islamique palestinien (collectif d'auteurs, La découverte 2014) Olivier Roy dans l'introduction explique : « ...nombre d'acteurs de la contestation islamique proviennent de mouvements marxistes et utilisent – ou ont utilisé – des catégories empruntées justement à la matrice révolutionnaire occidentale, ou plutôt à une matrice révolutionnaire universaliste, qu'on ne saurait ramener à une vision culturaliste : « révolution », « avant-garde », « masses populaires », « Etat », etc. Ramener ces mouvements si différents à la « révolte des peuples opprimés », au grand récit de la colère arabe, à la frustration devant le partage colonial ou bien, pour les tenants du « choc des civilisations », à l'intemporalité du jihad, ne fait pas sens. Les « grands récits », comme leur nom l'indique, sont d'abord une manière de parler, une incantation, voire une plaidoirie, mais pas une analyse politique ». « Les chemins se croisent, les militants évoluent. On a sans doute jeté un peu vite Marx avec l'eau du bain soviétique. L'influence profonde du marxisme chez beaucoup de fondateurs du MJIP (et du Hezbollah) explique à la fois leur originalité et leur efficacité dans l'action ». « Les alignements géostratégiques ont été profondément bouleversés depuis le 11 septembre, par trois mouvements de fond : la polarisation autour d'un axe chiites contre sunnites, qui n'a rien de religieux mais qui est la conséquence de la guerre par procuration que se mènent Iraniens et saoudiens pour leadership au Moyen-Orient ; l'affaiblissement de la présence occidentale, et américaine en particulier, à la suite du fiasco irakien (où les américains ont jeté l'Irak dans la mouvance iranienne) ; et, enfin, les Printemps arabes, qui, à leur manière, ont recentré la contestation sur des enjeux purement nationaux tout en laïcisant de fait l'espace politique » (p.10). « ...le petit groupe, qui n'est pas tout à fait étranger aux principes énoncés par Lénine dans son fameux « que faire ? ». Pour bâtir un mouvement politique, il faut donc, avant toute chose, se doter d'un journal » (p.63) « Tendances marxisantes et islamo-marxisantes s'y côtoient. Les lectures conjuguées de l'ayatollah Khomeini, de Lénine, de Mao et d'Ali Shariati nourrissent la réflexion du mouvement, faisant émerger une sorte de « théologie de la libération en filigrane » (p.73).
  • Pensée et politique dans le monde arabe de Georges Corm (ed la découverte 2015).Contre le réductionnisme d'une riche pensée arabe à une simple « ré-islamisation », cet auteur profond s'indigne : « Réductionnisme de nature exclusivement idéologique qui a été dicté par un contexte géopolitique agité, notamment depuis la fin de la Seconde Guerre mondial, à savoir celui de la rivalité entre l'URSS et les Etats-Unis ; puis, après l'effondrement de l'URSS, celui de la politique visant à assurer la domination sans partage des Etats membres de l'OTAN sur le carrefour géographique stratégique que constitue le Moyen-Orient et ses exceptionnelles ressources pétrolières et gazières bon marché. Dans ce carrefour, la partie la plus centrale, mais aussi la plus molle et la plus vide de puissance militaire, demeure jusqu'à aujourd'hui celle du monde arabe » (p.9). « Ce retour du religieux a été particulièrement marqué dans le monde arabe, où certains régimes politiques de la péninsule arabique, Arabie saoudite en tête, ont entraîné et armé au début des années 1980 de nombreux jeunes arabes pour aller se battre en Afghanistan, au nom de la défense de la foi musulmane, contre les troupes soviétiques « athées », occupant ce pays. (…) L'événement a été célébré en Occident comme l'apparition de moudjahidin musulmans, qualifiés de « combattants de la liberté » ; dans le monde arabe, il a contribué au désintérêt à l'égard des problèmes réels des sociétés qui le composent et il a initié une dérive politique et culturelle grave. Celle-ci finira par aboutir au développement des groupes de radicaux islamistes armés pratiquant le terrorisme à l'intérieur même des pays arabes ou d'autres pays musulmans non arabes ». (…) le chapitre 11 décrit la montée des idéologies islamiques antinationalistes arabes qui se posent en substitut à la pensée nationaliste arabe, considérée comme responsable de l'échec face à Israël, mais surtout de l'invasion de la civilisation arabo-islamique par les idées et produits culturels de la civilisation occidentale « matérialiste », laïque et individualiste – et donc incompatible avec le génie de la religion musulmane. Il s'agit d'une pensée virulente, à la fois antinationaliste et antimarxiste ».(p.23)



1A l'époque où Attali était conseiller d'Etat et jusqu'au début des années 2000 la pêche aux clandestins faisait rage en Méditerranée, les pêcheurs qui avaient porté secours aux africains agrippés aux cages métalliques de la pêche au thon, étaient condamnés, tout comme les familles ouvrières de Calais qui hébergeaient les dits « sans papiers » !
2Le bréviaire immigrationniste gouvernemental – Pour un autre regard sur les migrations (ed La découverte 2008) – est peu prolixe sur la misère qui attend une majorité d'immigrants, ni non plus sur les soldes de dizaines de milliers d'expulsions annuelles. Invoquant une fallacieuse « gouvernance mondiale » (et même gouvernance migratoire), alors que les migrants sont traités comme monnaie d'échange, fardeau ou épouvantails, ce manuel d 'hypocrisie institutionnelle milite contre le « vieillissement des sociétés industrielles », pas contre le capitalisme financier et barbare, et reste muet sur l'ampleur des stratégies d'endiguement des divers Etats. De belles phrases sur la nature « profondément sociale et transnationale de la migration », une « émergence de l'individu migrant comme acteur à part entière des relations internationales », de « mixité culturelle », de « pluralité des allégeances », servent à noyer sous des généralités que le phénomène migratoire concerne principalement l'Europe depuis 2005 (P.21) ; que les facteurs d'attirance de la richesse prédominent : « les migrants sont de moins en moins des ruraux analphabètes et pauvres, leur profil devenant celui d'urbains scolarisés qui ont pu accumuler un pécule » (P.23). Le credo principal de la bourgeoisie mondialiste d'un capital en éternelle cure de jouvence est résumé dans la glorification de l'immigration au-delà de 2030 « où le seul facteur de croissance de la population sera l'immigration » (P.26) notez bien : facteur de croissance de « la population », c'est un euphémisme anti-marxiste ! On constate dans les pays d'Asie et du Golfe « l'importation de grandes entreprises de populations à bon marché renforce également le chômage local » ; ce qui est constaté en Asie n'est plus valable en Europe !? On constate l'absence de protection des migrants - « toute migration a toujours généré ses profiteurs et ses parasites » p.76) – mais on n'y oppose que le bla-bla sur la vacuité des multiples organismes internationaux. Sont aussi peu prolixe sur le constat : « les mesures d'endiguement des flux migratoires en provenance d''Afrique subsaharienne ». Pire si le droit international reconnaît le droit d'émigrer, il ne reconnaît pas le droit d'immigrer (article 13) ! Circulez mais chez vous !

vendredi 25 septembre 2015

SUR L'INTOLERABLE GUERRE EN SYRIE

 TRACT DU PCI

 Non à l'intervention militaire française en Syrie!

Lundi 7 septembre, Hollande annonçait que dès le lendemain des avions militaires français allaient mener des opérations de reconnaissance au dessus de la Syrie, en préparation de futurs bombardements contre l'organisation «Etat Islamique» (EI) dans ce pays. Le jeudi 16 septembre Manuel Valls, reprenant comme à l'habitude les thèmes de propagande de l'ancien président américain G. Bush, déclarait devant les députés que «la France est en guerre contre le terrorisme» et que cette guerre serait «longue». Le porte-avion nucléaire «Charles de Gaulle» et son groupe aéronaval devrait participer à l'intervention d'ici quelques semaines.
La décision du gouvernement a rencontré le soutien presque unanime des partis politiques; à droite certains hommes politiques ont soutenu que des bombardements seraient insuffisants et qu'il faudrait aussi que des soldats aillent se battre sur le terrain, tandis que les centristes de l'UDI préconisaient une alliance avec Bachar El Assad, et Fillon une entente avec la Russie et l'Iran. A gauche, les Verts ne se sont pas opposés aux bombardements; mais ils considèrent que l'action militaire ne suffit pas (exactement ce que dit Valls!), tandis que le Front de Gauche n'approuvait pas «l'extension de notre [sic!] engagement à la Syrie», tout en soutenant «avec détermination le principe d'une force militaire contre Daech» (déclaration au parlement du député PCF porte-parole du FdG). Ces sociaux-impérialistes n'ont rien contre l'intervention militaire française (ils ont approuvé l'intervention en Irak), mais à condition qu'elle se fasse dans le cadre de l'ONU et en «associant l'ensemble des acteurs régionaux».
Plus précis, le Parti de Gauche, a déclaré dans un communiqué qu'«une opération militaire unilatérale de la France et de ses alliés de l’OTAN sans coordination avec l’armée syrienne et les forces kurdes conduirait à une aggravation de la situation». Il n'a donc aucune opposition de principe à une intervention militaire, mais demande une réorientation de la politique impérialiste française – qui est de fait en cours.
D'opportuns sondages d'opinion sont venus nourrir cet unanimisme guerrier en indiquant qu'une écrasante majorité de français seraient favorables à une guerre en Syrie, y compris avec envoi de troupes au sol!


Un an d'intervention militaire


Depuis l'été 2014 des avions français participent à la coalition américaine contre EI (qui regroupe une quarantaine de pays); la France devenait ainsi le premier pays à rejoindre militairement l'opération américaine en Irak. Cette intervention française avait été approuvée par tous les grands partis (et même implicitement par les trotskystes du NPA).
Il s'agit de l'opération dite «Chammal», comprenant des chasseurs-bombardiers et forte de 800 hommes (dont cent «instructeurs» militaires» à Bagdad et Erbil) et qui aurait effectué plus de 200 bombardements, selon les déclarations officielles, à prendre, évidemment, avec des pincettes (1). L'opération avait été justifiée à grand bruit au nom du sort des Chrétiens et des Kurdes menacés par l'EI; aujourd'hui le gouvernement maintient le silence sur les attaques menées par le gouvernement turc contre les Kurdes en Turquie, en Irak ou en Syrie: énième preuve que ce n'est jamais le sort des populations qui motive les impérialistes et leurs hommes de paille gouvernementaux.
Il s'agissait en fait d'arrêter l'avance fulgurante des insurgés islamistes vers la capitale irakienne, Bagdad, et les gisements pétroliers du sud du pays d'où les firmes internationales (Total étant l'une d'entre elles) tirent de juteux profits. En outre l'entrée en action des Rafale était un excellent argument commercial pour vendre cet avion, comme ne l'avaient pas caché les autorités françaises.
Mais lorsque les Etats-Unis décidèrent en septembre 2014 d'étendre leurs bombardements contre l'EI à la Syrie, le gouvernement français (comme d'autres) refusa d'y participer, avec l'argument qu'il n'y avait pas de «cadre légal et politique» à la différence de l'Irak où le gouvernement en place avait demandé l'aide des Etats-Unis et de leurs alliés.
Il est facile de constater que lorsque le gouvernement Hollande à l'été 2013 voulait bombarder la Syrie avec les Etats-Unis pour «punir Bachar El Assad» d'avoir utilisé des armes chimiques, il n'était pas gêné par l'absence de tout «cadre légal et politique»! Le respect du droit international, des décisions de l'ONU, etc., est une formule utilisée par tous les impérialistes, français ou autres, quand cela les arrange et sinon jetée au panier – ce fameux «droit international» n'étant d'ailleurs lui-même que la sanction des rapports de force inter-impérialistes.
En réalité le gouvernement français, en 2013 comme en 2014 continuait d'avoir comme objectif la chute de Bachar el Assad, alors que l'administration Obama avait conclu que la chute du régime Baasiste risquait de rendre encore plus incontrôlable la situation en Syrie et dans la région. Les impérialistes américains ont toujours été parfaitement conscients que le sinistre régime de Damas avait démontré jusqu'ici sa capacité à maintenir chez lui l'ordre bourgeois, alors que leur propre incapacité à mettre sur pied une force militaire syrienne rebelle pro-américaine suffisamment forte, leur faisait craindre que son effondrement débouche sur une situation pour eux ingérable en plein coeur de la poudrière moyen-orientale. Leur décision de bombarder l'EI en Syrie impliquait nécessairement des accords avec Damas qui dispose d'une aviation moderne et de systèmes antiaériens efficaces, probablement servis par des militaires russes; elle signifiait donc que les Etats-Unis renonçaient, au moins pour l'instant, à vouloir la chute du régime Baasiste. Tant pis si ce régime sanguinaire continue à perpétrer ses crimes pour se maintenir, il est devenu un «allié objectif» de la «démocratie» américaine contre la «barbarie», maintenant incarnée par l'EI!
Paris refusait par contre toute entente, même implicite, avec Damas. La différence d'attitude des impérialistes français n'était pas motivée par le souci de venir en aide au peuple syrien, comme l'affirmait Hollande, mais par des intérêts strictement mercantiles; le mépris persistant envers le sort des Syriens réfugiés par millions dans les pays voisins suffirait à le démontrer.
Tout au long des dernières décennies les périodes de rapprochement et d'affrontement se sont succédé entre la France et la Syrie selon la gravité des heurts d'intérêts entre les deux pays. Après avoir reçu Bachar el Assad à Paris en grande pompe sous Sarkozy quand se profilaient de fructueuses perspectives d'investissement, les bourgeois français en sont devenus l'adversaire lorsqu'ils ont été déçus dans leurs attentes. Par ailleurs les gouvernements français successifs se sont employés à tisser des liens avec les monarchies d'Arabie Saoudite et du Golfe Persique, poussés par les groupes capitalistes alléchés non seulement par les ressources pétrolières mais aussi par des perspectives de ventes d'armes.
Le gouvernement Hollande n'a eu donc aucune difficulté à se présenter comme le partisan le plus résolu de l'hostilité des pétromonarchies vis-à-vis de Bachar el Assad et de son parrain iranien, au point qu'il est allé jusqu'à menacer de faire capoter les négociations avec l'Iran sur le nucléaire! Cette «intransigeance» a permis à Dassault et à d'autres firmes françaises, à la faveur du mécontentement de ces pays envers la politique américaine de rapprochement avec Téhéran, de décrocher de gros contrats d'armement à la barbe des Américains...


La responsabilité française dans le drame syrien


Mais maintenant les choses ont changé; selon Hollande des bombardements s'imposeraient en Syrie pour «riposter» à l'EI ou pour le dissuader d'attaquer la France, tandis que Valls donne comme argument de l'intervention militaire française en Syrie, la «légitime défense». Mais les dirigeants français utilisent aussi sans vergogne le drame des réfugiés, dont une bonne partie sont syriens, pour justifier cette intervention.
Ces arguments relèvent de la propagande la plus grossière; lorsque les avions français ont bombardé l'EI en Irak, personne n'a dit, et pour cause, qu'il s'agissait d'une «riposte» à des attaques; et ces bombardements n'ont pas dissuadé des terroristes de commettre des attentats en France; par ailleurs les responsables policiers ou judiciaires n'ont jamais établi de liens de ces terroristes – français!– avec l'EI.
Quant aux réfugiés syriens, c'est l'effroyable guerre civile dont le régime el Assad est le premier responsable, qu'ils fuient; les exactions dont l'EI se vante publiquement pour terroriser les populations et ses adversaires, ne sont pas pires que celles que commet dans l'ombre le régime syrien. Mais laisser entendre que bombarder la Syrie pourrait empêcher la venue en France de «hordes» de réfugiés, est un bon moyen de recueillir l'assentiment d'une «opinion publique» abreuvée depuis toujours, par les partis de gauche comme de droite, de propagande chauvine et xénophobe. Aucun de ces partis ni aucun média n'ira expliquer que c'est le capitalisme mondial qui jette sur les routes de l'exil des millions de prolétaires à la recherche d'un travail, et des millions de réfugiés fuyant les guerres entre puissances bourgeoises!


Lorsqu'il était le colonisateur de la Syrie, l'impérialisme français n'a jamais hésité à perpétrer des massacres et à diviser les populations pour assurer sa domination; il porte aujourd'hui, comme les autres vautours impérialistes, une part de responsabilité dans la guerre civile qui déchire le pays, aggravée de sa responsabilité historique dans la situation de ce pays où il a encouragé les divisions internes.


Toute intervention militaire impérialiste ne fait qu'accroître les souffrances des populations, et les interventions militaires françaises qui ont eu lieu au cours des dernières décennies dans divers pays l'ont abondamment démontré. Jean-Marc Ayraut, alors premier ministre, déclarait en août 2012 que son gouvernement apportait de «l'aide» aux rebelles syriens du «Conseil National Syrien» – une organisation bourgeoise qui était également soutenue et organisée par la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, etc. La presse britannique a affirmé que les Occidentaux avaient alors repoussé une proposition russe de négocier le départ de Assad, sans doute parce qu'ils pensaient pouvoir davantage profiter de la chute, qu'ils croyaient proche, du régime (2); quelques semaines plus tard, le gouvernement français se montrait le plus farouche partisan de bombardements contre les forces armées syriennes. En outre divers Etats de la région (Turquie, Arabie Saoudite, Emirats, d'un côté, Iran de l'autre) sont intervenus et interviennent dans la guerre civile syrienne tout comme les grands Etats impérialistes, que ce soit pour défendre le régime en place, ou pour pousser à son renversement, en recrutant, armant et tentant de mettre sur pied des bandes armées fidèles à leurs intérêts.
En l'absence d'une force prolétarienne de classe qui, seule, aurait pu unifier tous les mécontentements dans une lutte anticapitaliste contre tous les bourgeois, la rébellion contre le sauvage régime de Damas n'a pu dépasser le cadre des divisions et rivalités régionales, claniques, etc., où derrière le masque religieux ou ethniques, s'affrontent férocement des intérêts bourgeois, qu'ils soient locaux ou étrangers.


Opposition de classe
à toutes les interventions militaires impérialistes !


Le gouvernement a tenu à préciser que l'intervention militaire française avait été décidée et qu'elle s'effectuerait en pleine autonomie; mais comme par hasard, plusieurs Etats sont, eux aussi, sur le point de décider ou ont déjà décidé de participer aux bombardements en Syrie: c'est le cas de l'Australie et de la Grande-Bretagne.
C'est à l'évidence le résultat d'une pression des Etats-Unis auprès de leurs alliés, car jusqu'ici les avions US ont été pratiquement les seuls à effectuer des bombardements en Syrie (par exemple 99% des bombardements en août y ont été américains) (3); mais cela montre surtout la recomposition en cours au Moyen-Orient: ce qui a changé, c'est le rapprochement des Etats-Unis et de l'Iran, le fidèle soutien de Damas.
Les Etat bourgeois, grands ou petits, derrière le drapeau de la «lutte contre le terrorisme», ne veulent que défendre, y compris par les armes, leurs intérêts ou leurs ambitions dans la nouvelle situation régionale qui se profile: la Russie renforce sa présence militaire en Syrie, tout en proposant un accord aux Occidentaux, la Turquie renforce sa coopération avec les Etats-Unis tout en attaquant les Kurdes du PKK et en se livrant à des incursions en Syrie, l'Iran continue son soutien militaire au régime de Damas tout en s'affirmant prêt à négocier, l'Arabie Saoudite et ses alliés interviennent militairement au Yémen, etc.
La signature des accords de «paix» avec l'Iran, en déstabilisant les équilibres établis, relance la guerre dans toute la région!
L'impérialisme français, vieillissant et affaibli mais qui n'a rien perdu de son agressivité, ne veut pas rester à l'écart; en même temps qu'il réorganise sa présence militaire au Sahel pour lui donner plus d'efficacité, il abandonne sa politique anti-Assad et se lance dans une nouvelle opération militaire pour participer à la future curée au Moyen-Orient...


Les prolétaires de France n'ont rien à gagner à cette nouvelle intervention militaire de «leur» impérialisme, qui s'accompagnera inévitablement, à la faveur du climat guerrier et d'union nationale qu'elle suscite, d'une recrudescence des attaques anti-ouvrières. Refuser de la soutenir, rompre avec l'«union sacrée» et la «solidarité nationale» entre les classes, est un pas nécessaire pour pouvoir résister à la grêle de coups infligés par les capitalistes et leur gouvernement.
Il n'y a pas d'intérêts communs entre bourgeois et prolétaires!
Au moment même où il joue la répugnante comédie de l'accueil humanitaire des migrants, le gouvernement, sous l'injonction des capitalistes, prépare fébrilement de nouvelles mesures antisociales.
Au moment où il fait mine de pleurer sur le sort des réfugiés syriens (qu'il a jusque à ces derniers temps obstinément refusé d'accueillir), il se prépare, sous l'injonction des impérialistes et des militaires, à participer aux bombardements américains, se déclarant même prêt à appuyer des opérations sur le sol syrien. Les avions et les soldats français ne vont pas combattre pour défendre les masses opprimées et les prolétaires du Moyen-Orient ou de France: ils défendent uniquement les intérêts du rapace impérialisme tricolore. Les prolétaires doivent s'y opposer sans hésiter.


Les prolétaires de Syrie et d'Irak n'ont rien à attendre des interventions impérialistes; un an après le début de l'opération militaire des Etats-Unis et de leurs alliés, les puits de pétrole irakien sont saufs, mais des millions de syriens et d'irakiens ont été contraints de s'enfuir de chez eux et les autres ont vu leurs conditions empirer. Les éventuelles négociations qui pourraient s'ouvrir un jour après épuisement des combats, n'auront d'autre but qu'arriver à un arrangement entre bandits impérialistes et gangsters bourgeois locaux sur la répartition de zones à exploiter et sur le maintien du fonctionnement du système capitaliste – c'est-à-dire en dernière analyse sur l'exploitation des prolétaires!


L'issue ne réside pas dans la victoire de l'un ou l'autre des camps qui s'affrontent, ni dans de vains appels pacifistes aux hommes de bonne volonté, ou dans les habituelles négociations diplomatiques qui ne débouchent que sur de nouveaux affrontements; elle ne se trouve que dans la lutte de classe révolutionnaire contre tous les camps bourgeois. Les interventions militaires «limitées» d'aujourd'hui annoncent de futures guerres plus générales jusqu'à un nouveau conflit mondial: voilà l'issue vers laquelle se dirige inexorablement le capitalisme.


Mais les prolétaires ne sont pas éternellement condamnés à s'entretuer pour que vivent et s'engraissent leurs exploiteurs; leur position sociale leur confère la force potentielle de mettre fin à tous les régimes et toutes les formes d'exploitation, libérant ainsi du capitalisme les masses opprimées du monde entier; la condition est qu'ils s'unissent, s'organisent et entrent en lutte sur le terrain de la défense exclusive de leurs intérêts de classe, qui sont identiques pour les prolétaires de tous les pays, de toutes les races et de toutes les confessions.


L'union internationale des prolétaires deviendra alors une puissance irrésistible capable de déchaîner la guerre sociale brisant toutes les forces de la bourgeoisie pour mettre fin à son ignoble monde d'oppressions, d'exploitations, de misère et de guerres.
Cette perspective n'est sans doute pas immédiate, mais c'est la seule féconde et réaliste, la seule pour laquelle il vaille la peine de se préparer à lutter!


Non à l'intervention militaire française en Syrie! Impérialisme français, hors d'Afrique et du Moyen-Orient!
Pour la reprise de la lutte indépendante de classe, pour la révolution communiste internationale,
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!


Parti Communiste International
20/9/2015


(1) Selon le site airwars.org qui compile les rapports officiels de la coalition, les forces aériennes auraient effectué à la mi-septembre (soit en un an environ) 6910 bombardements en Irak et Syrie, et elles revendiqué avoir tué à peu près 15 000 partisans de l'EI; il y aurait eu entre 575 et 1600 victimes civiles innocentes.
(2) The Guardian a publié le 15/9 une interview d'un négociateur finlandais affirmant que les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne avaient refusé en 2012 une proposition russe de négociations d'accords de paix en Syrie incluant le départ de Bachar El Assad.
(3) http://airwars.org/news/coalition-strikes-civilian-casualties-august-2015/

lundi 21 septembre 2015

COMMENT LE CAPITALISME TRAITE LES « MATIERES PREMIERES HUMAINES »





Bien que marquées par une énorme abstention, les élections en Grèce et leur résultat n'intéressent pas grand monde ce lundi, même les grecs eux-mêmes, épouvantés par ce que le capital allemand leur fait subir pour le transit de populations meurtries par la guerre mais invitées à venir s'installer dans les pires conditions. On a subi pire, de 1945 à 1950 où  ce sont près de 500 000 civils réfugiés qui sont morts en Europe (souvent massacrés par les populations locales), comme je l'ai rappelé dans mon avant-dernier message-blog, mais ce n'est qu'un recommencement sinistre dont personne n'imagine la fin, même si l'hiver arrive.


Ces résultats confirment la popularité de Tsipras, comme roue de secours d'un gauchisme caméléon - rouge comme les radis mais blanc à l'intérieur - qui va assumer l'austérité de gauche avec ses alliés de la droite souverainiste. L'extrême droite Aube dorée reste en troisième position comme variable d'ajustement, mais elle a doublé ses voix dans les îles envahies par les migrants, et reste, quoique avec un score minable, la preuve pour nos imams gauchistes et leur ayatollah Coleman[1], la preuve que le nazisme est aux portes de l'Europe.
Qu'ils soient bobos ou pas, beaucoup de migrants arrivent avec de l'argent, des billets de 500 euros que les grecs n'ont pas l'habitude de voir circuler. Beaucoup arrivent désormais à bord de bateaux pneumatiques flambant neufs qui sont crevés dès qu'ils touchent le sable pour simuler la détresse et exiger l'asile politique. Les fabricants de zodiac et les passeurs se frottent les mains.

Pourquoi ce scandaleux traitement des migrants ?

Pourquoi l'ambassade d'Allemagne en Turquie ne donne-t-elle pas des visas massivement et via les aéroports n'organise-t-elle pas une réception plus humaine ? On les oblige à risquer leur vie en haute mer ou à marcher des centaines de kilomètres.

                    pour gagner du temps, pour organiser les arrivées et placer les populations,
                    pour justifier cette arrivée massive de « gens dans la misère » auprès des opinions publiques ; les drames qui pourraient être évités contribuent à ce que l'accueil, qui aurait pu être réticent, se transforme en vague de solidarité.
                    Pour faire passer au second plan la guerre de rapine pour le pétrole.

La Frontex surveille les grecs pour qu'ils effectuent les premiers recensements, mais, dans l'objectif sinistre de ralentir et filtrer, les réfugiés sont soumis au même recensement dans tous les pays qu'ils traversent.

En Allemagne existe depuis longtemps des baraquements près des usines pour l'accueil. Toute cette politique d'immigration sauvage s'éclaire d'un coup. Privées de colonies à la fin de 1945, la plupart des anciennes puissances coloniales européennes n'avaient pas été simplement privées de matières premières mais d'un immense réservoir à main d'oeuvre. Certaines ayant conservé des liens commerciaux et politiques proches, où ni russes ni américains ne pouvaient succéder – France et Angleterre par exemple – ont pu continuer à faire venir les « matières premières humaines ». On ne sait pas que l'Allemagne – principale puissance vaincue en 1945 – n'a pas été affectée seulement par une mesure politico-militaire destinée à briser historiquement son dangereux prolétariat (le mur de Berlin), l'interdiction de reconstituer une véritable armée, mais aussi parce que sa défaite mettait fin à mille ans de colonisation de l'Europe de l'Est, d'où sa détresse démographique actuelle !
Effet pervers bienvenu, avec la guerre en Syrie, l'Allemagne retrouve là les moyens de compenser son déficit en main d'oeuvre avec cet appel à la venue de près d'un million par Merkel, qui n'était pas si irresponsable que je le pensais puisqu'il y allait de l'intérêt du capital allemand ; mais impéritie quand même avec ce laisser-faire cynique dans le déroulement de l'exode. Finalement, au cours de la réunion des cercles révolutionnaires, le camarade R.Paris avait raison : « c'était voulu », et l'événement tragique de la migration massive programmé sans souci des vies humaines.

RETOUR DE BATON  HISTORIQUE ?

Les prêcheurs de haine comme l'ayatollah Coleman et ses divers amis islamo-gauchistes vont pouvoir se réjouir, nous aurions enfin ici-bas le triomphe des colonisés sur le colonialisme. Les anciens esclaves du capitalisme conquérant viendraient à leur tour envahir les vieux pays enrichis frauduleusement, avec leurs coutumes et croyances (à tolérer absolument démocratiquement) ; mais aussi les capitaux des anciennes colonies venant merveilleusement sauver de vieux capitalismes en détresse. Une partie de Paris n'a-t-elle pas été achetée par le Japon, le Qatar et bientôt la Chine. Le vieux Portugal ne va-t-il pas beaucoup mieux économiquement depuis qu'il est racheté par … l'Angola, enrichie par ses matières premières. L'Etat bourgeois d'Israël, très raciste vis à vis des travailleurs arabes et noirs, veut embaucher 20.000 travailleurs chinois pour résoudre sa crise immobilière ! Il n'y a hélas pas encore de guerre en Chine pour faire fuiter vers ce pays artificiel une masse comparable aux migrants syriens.

Or ce tableau idyllique (type revanchard) est très sombre en réalité. Cette idéologie « sans patrie ni frontière » - mais qui recrée des frontières à  l'offre ou à la demande et exalte le patriotisme pour sédentaires - est celle d'un capitalisme financier aux abois, qui part dans tous les sens, qui n'a aucun sens de la mesure ni des besoins de l'humanité, d'un capitalisme qui se nourrit de la guerre pour conserver ou s'emparer des champs pétroliers et pour maltraiter comme jamais les « matières premières humaines ». Ce n'est pas l'argumentaire sociologique de la faible natalité en Allemagne (une des conséquences de sa défaite en 1945 comme on l'a vu plus haut) qui constitue la pierre d'achoppement pour un inespéré « rajeunissement » du capitalisme, même avec un foulard ou une kippa sur la tête, mais la concurrence pour le profit en chute accélérée, concurrence sans patrie ni frontière, avec ou sans religion, plutôt avec, et qui ne peut se développer qu'en attaquant le prolétariat à la racine, c'est à dire en l'empêchant de s'homogénéiser. Cette politique est clairement téléguidée par Washington ; je pense d'ailleurs que l'ayatollah Coleman a dû être embauché par la CIA depuis qu'il manifeste ses bons et loyaux services multiculturalistes, surtout en dénonçant la France comme le plus mauvais pays d'accueil de migrants encasernés dans une religion d'impeccable soumission conservatrice ; c'est en réalité une question géopolitique qui explique les couacs français, pas le fait qu'elle aurait intégré plus d'immigrés que l'Allemagne ; au moment de Postdam, où la bourgeoisie française n'avait pas été invitée, elle distinguait déjà réfugiés de guerre et expulsés (cf. mon avant-dernier blog) et défendait ses colonies, lesquelles lui fournissaient une « matière première humaine » suffisante sans avoir besoin d'une main d'oeuvre « boche », mal vue après les atrocités nazies. Le prolétariat allemand était toujours craint en 1945 puisque, bien que la bourgeoisie française ne veuille pas en prendre sa « part », la bourgeoisie US fît pression ailleurs en Europe : « Les Alliés se tournèrent vers une politique d' « assimilation », considérée comme la meilleure façon de stabiliser l'Allemagne et d'empêcher la création d'une population marginalisée qui pourrait se révolter » (cf. encore l'avant-dernier message-blog). Mais, que nos maximalistes modernes ne croient toujours pas qu'un nouvel Octobre 17 aurait pu être incarné par ce prolétariat allemand, les réfugiés allemands étaient vu comme une possible cinquième colonne du stalinisme, et pour éviter toute collusion on « punit » cette population allemande comme responsable du nazisme alors que celui-ci n'avait même pas été un produit de la petite bourgeoisie mais du capital mondial, anti-bolchevique, épaulé par la dépersonnalisation politique du prolétariat par les imams stalinistes d'époque genre Coleman l'ayatollah trotskien dégénéré (l'antifascisme comme idéologie de guerre, d'un des camps, a enfanté cet avorton nommé antiracisme et son petit frère trisomique le multiculturalisme).

Le phénomène migratoire accéléré, favorisé par les guerres locales, vient figurer  en ce moment un internationalisme de pacotille où la charité conviviale empêche toute solidarité de classe, toute identité de classe et surtout tout mode de vie de classe sécularisée (puisqu'on impose mosquées et chapeaux religieux là où ils avaient disparu). Le capital allemand se débarrasse du même coup de toute cette honteuse racialisation d'après-guerre, où avait été organisé, dans le cadre de l'assimilation des réfugiés, la préservation d'Etat « ethniquement homogènes » ; il y eût des échanges de population entre la Grèce et la Turquie, tout comme des échanges de population entre Ukraine et Pologne sous contrôle russe.
Le pape va prêcher auprès de la jeunesse cubaine la nécessité de « l'amitié sociale » quand, au même moment, les patrons français se ruent sur l'Iran sans se soucier de l'oppression religieuse chiite! Curés et imams gauchistes se relaient pour stigmatiser une soit disant « laïcité religieuse » intolérante et ainsi renforcer l'idéologie communautariste, multiculturelle et interclassiste des Etats bourgeois. La variable d'ajustement gauchiste, minable électoralement, fonctionne à plein régime (clérical) en direction des aires prolétariennes (entreprises et quartiers) quand la variable d'ajustement d'extrême droite, autrement efficace dans les urnes, est créditée principale représentante d'une classe ouvrière sédentaire, raciste et inéduquée à l'histoire des religions et au merveilleux et incontournable islam.

Ce capitalisme aux abois qui prétend se sortir à chaque fois des rebondissements de sa crise historique, ne fait que renchérir les enjeux vers la destruction majeure. La guerre est terrible en Ukraine, mais black-out, et nul ne connaît son terme. Les massacres dans la région nord-africaine où sont remis en cause – sans guerre mondiale – les découpages des accords Sykes-Picot, sont incessants et les crimes de Daesch, devenus épisodiques et espacés, laissent craindre des attentats en Europe plus sanglants encore. Le terrorisme planétaire n'est-il pas la petite école d'apprentissage pour la future guerre mondiale ? Les alliances impérialistes ne sont-elles pas des préfigurations des futurs blocs, où d'aucuns imaginent déjà Russie + Chine contre l'empire américain et ses vassaux européens, à moins que l'Allemagne penche à nouveau pour une amitié germano-russe, résiliente.



[1]Il est regrettable que Henri Simon - qui perçoit bien l'incongruité du discours haineux du défroqué trotskien  Coleman (converti à l'islam discursif) dans des diarrhées éditoriales bourrées de compil sur internet des pires écrits trotskystes américains et une tentative de s'annexer certains textes de la gauche communiste - lui fasse autant de pub dans son dernier Echanges. Avec ce genre d'individu raté social, il ne faut s'attendre à aucun échange. Sa haine est proportionnelle à son statut de rien du tout, il regrettera éternellement de ne pas avoir pu monter dans la hiérarchie de LO.

dimanche 20 septembre 2015

DE LA REUNION FRATERNELLE DE QUELQUES CERCLES REVOLUTIONNAIRES





Voix des travailleurs (site : Matière et Révolution) avait invité diverses personnes et cercles à sa réunion élargie semestrielle, si je ne me trompe, sous un libelle contre « l'extrême gauche du capital », avec sa faconde habituelle, avenante, non sectaire. Le titre d'invitation importe peu puisque le principal animateur, Robert Paris, indique aux présents, une fois réunis, de proposer leurs thèmes à débattre, leurs suggestions ou encourage chacun à faire les introductions aux débats choisis.
Il faut se rendre compte de l'originalité et de l'intérêt d'une telle démarche en nos temps de désarroi et de dégoût du politique, évidemment pour ce qui nous concerne, c'est à dire l'approche et la conscience de l'utilité des cercles et groupes qui se réclament d'une classe ouvrière révolutionnaire et portent l'exigence ancienne et obstinée d'une nécessaire révolution prolétarienne contre l'ordre existant. Pas d'à priori, pas de menaces terroristes dans l'affirmation des opinions, pas d'anathèmes précipités, pas de morale gauchiste comme argument politique, tous ces éléments concourent à oxygéner n'importe quel débat  pour éclaircir la conscience de classe, et ainsi échapper à la chape de plomb des médias et de la plupart des groupes politiques officiels. Il n'est pas étonnant qu'une telle démarche soit issue de camarades venus de Lutte Ouvrière, groupe trotskien léniniste le plus éloigné des modes gauchistes, secte hermétique à leurs modes confusionnistes de type antiracisme, antifascisme de pacotille et luttes « libératrices » des diverses catégories sociologiques. Le genre a toutefois ses limites comme on le verra dans ma tentative de résumé, objective et subjective, de cette étonnante réunion ; il est incontestable que nombre de ces camarades passé à la moulinette trotskienne durant des années conservent des réflexes de pensée que je dirai de type caméléon (on s'adapte en fonction de la radicalité de l'intervenant) donc opportuniste, ce qui signifie qu'ils font partie, eux, tout de même du combat révolutionnaire au sein du prolétariat.

Après un tour de table, trois sujets furent choisis pour rythmer notre journée de débats :
                    la situation internationale
                    bilan des luttes sociales en France
                    la question de la laïcité.

Je fus choisi comme président de séance, moi qui me considère plutôt comme un yéti, mais j'ai su habilement me délester de cette tâche ingrate en cours de journée, pour la refiler à la jeune garde montante canadienne.

LA GUERRE EST-ELLE LA CAUSE PREMIERE DE LA CRISE DES MIGRANTS ?

Ma présentation de la situation internationale fût centrée sur la question de la guerre et des migrants. J'ai dit que l'essentiel pour comprendre le moment de la propagande d'Etat était la phase de négociation pour le partage des champs pétroliers entre Obama et Poutine, sur le dos de l'Europe qui se débat avec le merdier de la crise des migrants. J'ai à ce titre salué le titre du tract de Voix des travailleurs : « Ils brandissent les migrants pour nous tromper »[1].
J'ai ensuite développé ce que je dis sur mon blog concernant l'utilisation des migrants (même si cela n'eût pas l'air de plaire à tout le monde), le fait qu'il y a un grand nombre de bobos parmi eux, que la bande à Merkel a été irresponsable de prétendre les accueillir massivement, que c'est la dénonciation de l'impéritie des gestionnaires capitalistes qui prévaut plus que de se soumettre aux diverses opérations de charité publique.
Evoquant les toutes proches élections en Grèce, je me suis attaché à souligner que la soit disante compétition gauchiste pour prendre le pouvoir, avait trouvé là son épilogue ; pendant 50 ans les gauchistes en pointe (les trotskiens puis souteneurs de Syriza) nous avaient raconté qu'on allait voir ce qu'on allait voir (leur fond de commerce restant le capitalisme d'Etat et ses nationalisations), mais une fois au pouvoir tout se dégonfle, ils ne peuvent tenir aucune promesse sérieuse, à part échelonner les dettes des pauvres ou comme dans le programme adjacent de Varoufakis proposer des bons de nourriture aux pauvres, c'est à dire un programme de malnutrition de guerre. Le parti Syriza aura servi à illusionner quelques mois le prolétariat grec (très fractionné et divisé, avec une majorité d'immigrés qui se tapent le sale boulot) avant retour à la case départ.

La discussion s'engagea avec une contestation de la guerre comme causalité première de la crise des migrants de la part des camarades de VDT (Voix des travailleurs) [2]. En premier lieu, Robert Paris remarqua que la planète connaissait la guerre partout depuis longtemps. Partout la bourgeoisie s'efforce de mobiliser nationalement. Il a évoqué le Patriot Act, puis il a développé ce qu'il estime être dialectique, une confrontation permanente de la bourgeoisie et du prolétariat dans chacun des événements marquants de ces dernières années. Ainsi lorsque Saddam Hussein fût en passe d'être renversé, c'était parce que le prolétariat en Irak étant dans une situation potentiellement révolutionnaire. On avait assisté au début des troubles en Syrie, c'était comme partout ailleurs dans les soulèvements du « printemps arabe », à des manifestations ouvrières pacifistes de masse. Par conséquent si on ne voit pas en permanence les orientations de la bourgeoisie dans chacun de ses engagements comme un combat contre le prolétariat, on n'est pas marxiste. N'y a-t-il pas des contradictions au sein de chaque classe ? De même il n'y a pas de séparation entre la lutte de classe, la guerre et les migrants. L'ouverture soudaine et chaleureuse aux migrants n'est pas autre chose qu'une attaque contre le prolétariat, sans se soucier de qui les a fait fuir. Tout cela a été fait exprès. Les bourgeois ne sont pas en guerre avec eux-mêmes mais incapables de gérer la planète. Il y a de plus en plus une limitation du capital à accumuler davantage. Nous vivons une situation nouvelle. Quant à l'extrême-gauche, elle est victime de sa perte de confiance dans le prolétariat ; elle n'a plus confiance dans les capacités du prolétariat, elle le voit uniquement comme démoralisé. Pourtant la bourgeoisie a de bonnes raisons d'avoir peur du prolétariat.

Pour l'un des camarades du GIGC il faut placer les questions au niveau historique. Il n'y avait pas de capacité alternative du prolétariat en Irak. Il brossa le tableau des cycles de défaite et du cours historique avant la Seconde Guerre mondiale, pour insister sur le fait que le capitalisme n'a que la guerre comme solution à sa crise de surproduction. Bien sûr que la crise des migrants est due à la guerre. Plusieurs éléments expliquent pourquoi la guerre mondiale n'a pas encore eu lieu. D'abord il n'y a pas encore eu constitution de blocs qui sont indispensables dans une confrontation généralisée.  Ensuite la menace prolétarienne demeure, même si le prolétariat est encore globalement soumis à l'idéologie bourgeoise, il n'est pas complètement soumis ; de plus, il faut faire la comparaison qui s'impose : il n'est plus autant « encadré » qu'il le fût dans les années 30. Depuis 2008 on assiste à un développement des luttes ouvrières dans le monde. On a vu aussi des luttes importantes en Grèce. La bourgeoisie mène une attaque à la fois économique mais aussi politique. Elle se doit partout d'infliger une défaite idéologique au prolétariat. Enfin le camarade estima qu'il ne faut pas en rester au niveau de la simple discussion, mais se poser à terme la question du regroupement des révolutionnaires, saluant la réunion organisée par VDT.
Plusieurs camarades de VDT se sont succédé, témoignant de leur combat en entreprise, de leur lutte contre la défaite organisée des syndicats, de leur capacité à favoriser les discussions, de leur conscience que les travailleurs ne baissent pas les bras... la chute de la Bourse en Chine est aussi révélatrice... on peut sortir de l'étau : ou blanc-seing à l'Etat ou charité (Max). Appuyant l'intervention de R.Paris, un autre camarade estima que le camarade Juan avait embrouillé, que le capital étant toujours en guerre, ce ne pouvait pas être une nouveauté que de la fournir comme explication première, et qu'on n'est pas à la veille d'une 3 ème Guerre Mondiale. Du point de vue du prolétariat, on n'en est plus aux espoirs vains des journées d'action, certains se posent le problème de qu'est-ce qu'on va mettre à la place du capitalisme, faire des comités, etc. (Efraim). Les guerres impérialistes sont des rivalités de classe, selon Borak[3]. Il répondit au camarade du cercle Robin Goodfellow – qui avait fait circuler une série de graphiques illustrant l'effondrement économique – que les statistiques n'expliquent pas tout, que même dans les périodes d'effondrement économique, le capitalisme est capable de s'en sortir.

LES GAUCHISTES PAUVRES VICTIMES DE LA DEMORALISATION DE LA CLASSE OUVRIERE OU ASPIRANTS MENEURS ?

Pour ma part, revenant sur les affirmations de R.Paris, je contestai que les motivations impérialistes soient en permanence calquées sur les désidératas du prolétariat. La bourgeoisie entoure c'est vrai toujours ses préparations militaires de campagnes sur « l'opinion », mais ce qui la détermine d'abord c'est la compétition entre fractions rivales, et dans les pays en guerre il n'y a pas de prolétariat développé à embobiner. J'ai récusé la formulation de R.Paris « l'extrême-gauche victime de sa perte de confiance dans le prolétariat ». Les gauchistes font partie de la bourgeoisie politique depuis longtemps, ce n'est qu'une variété de politiciens arrivistes qui ne partent pas des besoins ou objectifs politiques de la bourgeoisie, mais des leurs ; dans la Gauche Communiste dès la fin des années 40 ils sont nommés « aspirants meneurs » par Mousso. J'ai lu ensuite sur mon smartphone un extrait du texte de la Gauche communiste de France (Internationalisme 1947) qui les caractérisait bien avant notre naissance – j'étais le plus vieux de la salle - ainsi :
« Les ouvriers sont invités à participer à ce travail inutile ; toute la gauche bourgeoise – SFIO, staliniens, trotskistes – les entraîne à pallier quotidiennement à la crise du système bourgeois. Pour les uns, la grande pénitence, la ceinture au dernier cran est la solution réelle contre la famine ; c'est une façon de combattre le mal par le mal » (signé Mousso).
Une occasion au passage de rendre hommage à notre tradition de la « Gauche communiste », pas celle dont vous parle la télé, les Mousso, Chirik et Goupil.

R.Paris considéra enfin qu'il n'y avait pas de désaccords sur l'analyse des contradictions économiques du capitalisme, mais il prit pour exemple la guerre de Corée où, selon lui, la Russie ne fût pas impliquée. Reprenant l'erreur de la GCF (Gauche Communiste de France/revue Internationalisme) – la venue de la guerre mondiale en 1950 – il estima que la Gauche communiste avait renoncé à la dialectique dans l'espoir d'une révolution pure.
Je ne me souviens plus des détails de ma conclusion de cette discussion, mais j'ai probablement encore insisté sur le problème de la guerre et l'absence de prise de position de la plupart des groupes qui se réclament de la révolution prolétarienne (probablement parce que la question des migrants vient rendre confuse la « préférence immigrée » de certains ou la théorisation simpliste de la classe ouvrière comme « classe immigrée ». Dans les couloirs un camarade de VDT me fît remarquer que c'était plus de la sociologie de ma part et que la plupart des migrants étaient des prolétaires. Nous convînmes qu'une bonne partie d'entre eux ne finiraient même pas prolétaires mais retour à la case départ ou misère absolue.

LA BOURGEOISIE NE FAIT PAS CE QU'ELLE VEUT

En introduction au troisième volet de la série de débats – les luttes sociales en France – R.Paris s'efforça de démontrer que la bourgeoisie faussait la réalité de celles-ci et que le prolétariat est craint par la classe des dirigeants. Intégrant les syndicats dans cette « classe des dirigeants » il s'appuya ensuite sur des exemples à Radio France, dans les hôpitaux où les syndicats officiels se dépêchent de prendre les devants pour créer des comité hadhoc, parce qu'ils sont constamment sous la pression des gens. C'est loin d'être une sinécure pour les appareils. Les hospitaliers leur criaient : « on ne négocie pas ». Les interventions par tracts de VDT leur ont permis de s'adresser à un éventail plus large de « gens ».
Le président de séance regrettant que la présentation ne se soit pas attachée à parler des luttes au niveau international, cette déficience allait être comblée par les intervenants suivants. Ils se prononcèrent tous en accord avec le constat que le prolétariat reste un danger pour la bourgeoisie. Juan rappela l'importance du prolétariat allemand, sa lutte cheminote et dans les ports. Il rappela quelques-unes des principales luttes en France des 30 dernières années pour souligner l'importance de l'implication des militants dans ces luttes, leur participation active même lorsque les luttes sont chapeautées par les appareils syndicaux de la bourgeoisie. Il considéra qu'il a toujours un aspect politique dans les luttes ouvrières, comme l'avait formulé Rosa Luxemburg, et que la classe doit avoir la capacité à assumer ce combat politique contre les syndicats, en même temps que le rôle des minorités révolutionnaires est indispensable.
Pour le camarade D. de Robin Goodfellow, indéniablement il existe une frilosité de la bourgeoisie à monter ses attaques, ce qui n'empêche qu'elle en prépare de violentes, par exemple une attaque contre le droit de grève en Italie. Il affirma son accord avec l'importance toujours actuelle du prolétariat allemand. Il examina ensuite les conflits plus particuliers à Amazone et celui de Telefonica en Espagne, infos qu'il tenait d'une rencontre avec le leader de la grève. Des assemblées sont maintenues dans les provinces. Ils discutent sur la possibilité ou pas de recréer un syndicalisme de base. Il faut réfléchir particulièrement à l'explosion programmée du groupe ouvrier, une régression sociale qui éparpille les ouvriers en précaires. Comment pourra-t-on faire la révolution avec une classe aussi atomisée ? JLR a en partie raison de comparer avec les IWW. La centralité du prolétariat européen demeure bien que ce soit une classe beaucoup recomposée. On ne peut pas dire  pourtant qu'il n'y aura pas de leçons à recevoir du prolétariat de la périphérie, des pays émergents, comme celui du Brésil.
Une partie de la discussion fût consacrée aux oppositions classiques sur le travail à faire dans ou hors des syndicats. Les camarades de Robin Goodfellow estimant qu'un syndicalisme de classe est possible dans les pays émergents, et les camarade de VDT restant partisans d'un travail militant interne et externe à ces organismes, ce qui les opposaient au GIGC et à votre serviteur.
Un camarade de VDT fût d'accord avec moi, contre l'avis de Juan, que tout n'est pas politique, même si Rosa l'a dit, et avec cette formule que j'approuvai : « faire de la politique ce n'est pas s'occuper des grèves » (R.Paris). J'ai eu l'occasion d'insister à plusieurs reprises sur le fait que la grève ne peut pas être considérée comme le nec plus ultra de la lutte de classes qui a d'autres formes d'expression, manifestations, rassemblements, discussions en comités indépendants, réunions publiques de groupes révolutionnaires, sans compter que nombre de grèves sont totalement au ras des pâquerettes et complètement dirigées ou liquidées par la bourgeoisie. L'expérience de la grève joue pour la formation de la conscience de classe collective, mais elle n'est pas la seule voie d'accès à la conscience de classe, ni en soi réflexion politique aboutie. Mais l'ensemble des participants convinrent qu'on ne peut rien prédire, qu'un mouvement important peut se déclencher pour des questions accessoires ou dérisoires en temps ordinaire et révéler ce vase qui déborde soudainement d'une conscience trop longtemps comprimée par le mensonge déconcertant dominant. Discussion tout à fait fraternelle, comme le remarqua le président de séance, content de lui.

MALAISE DANS LA LAICITE

Présenté par un des camarades de Robin Goodfelow – présentation reflétant un certain malaise sur la question religieuse – la discussion ne se voilà (ce con d'ordi maintient l'accent) pas la face ni les cheveux. Comme le formula l'un d'entre nous (D.) : les marxistes avaient cru la question réglée, mais peau de balle !
Le débat fût un peu décousu entre RG qui avait mal embarqué le débat en faisant référence à un manque de respect des lois, celle de 1905 – ce qui souleva l'ire des partisans de VDT (on va pas se battre pour les lois bourgeoises!) - entre une question charitable pour les braves croyants : posons la question « y a-t-il une oppression spécifique ? » (Efraim) ; et bibi qui ne cachait pas son rejet de la modification téléguidée par l'Etat bourgeois du paysage culturel (foulards et minarets, cantine scolaire à mets séparés, salle de prière en usine, écoles confessionnelles) quitte à passer pour une passerelle de l'extrême-droite qui s'y connaît en viaduc et colimaçon. Je ne fus pourtant pas qualifié de xénophobe ni de racisme primaire.
Il était inévitable que cet autre qui avait sorti : « le voile est un signe ostentatoire, et la loi interdisant le voile n'est pas appliquée » ne pouvait s'attirer les bravos. A l'origine du thème, les camarades de Robin Goodfellow, au vu d'une prégnance renouvelée de la religion, estiment que le combat pour la laïcité du point de vue prolétarien est encore d'actualité. Pas du tout répondit R.Paris : « il y a eu une religion de la laïcité, un combat exclusivement bourgeois », et d'invoquer 1789 où la religion n'a pas été abolie, au contraire. La religion peut être détournée comme instrument politique, mais elle reste un problème social auquel on ne peut pas répondre dans l'abstrait.
Revenant à la charge d'autres membres de VDT assénèrent des affirmations aussi discutables que :
                    la religion est apparue en même temps que les classes
                    si une femme veut porter le voile, elle est libre.

Soit des inventions historiques, soit des connotations complices de la « tolérance » islamo-gauchistes, les interventions traduisaient à mon sens plus le malaise, l'incertitude et les attentes face à un sujet savonnette et pas du tout abstrait (ou au moins autant que le bon dieu) pour ceux qui suivaient R.Paris. Il était objecté à tout cela que le combat pour la laïcité, contre les curés exploiteurs a été aussi un moment du combat pour le prolétariat – le jeune Marx n'avait-il pas dit la première critique est celle de la religion ? - le premier décret de la Commune n'avait-il pas été la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Ensuite, mi-angélique mais pas évangélique, j'ai posé la question qui tue : lors de l'intronisation des salles de prière en usine sous Jospin, qu'auriez-vous pris comme position :
1.                  OK c'est bien c'est la tolérance
2.                  ce n'est pas une revendication de classe, nous sommes opposés à la confessionnalisation des lieux de travail.

La plupart furent en peine de se prononcer précisément. Il me semble que c'est Juan qui apporta la meilleure réponse. Considérant que la présentation avait fait une erreur de méthode, il considéra que seule la dictature du prolétariat permettra en supprimant les inégalités de tendre à faire diminuer les croyances religieuses, pas forcément à les faire disparaître. Il considéra qu'on n'avait pas à discuter des questions religieuses en AG, ni à accorder des salles de prière, plus de pauses peut-être. La religion sert à pousser à l'idéologie guerrière. On ne peut vraiment aborder ces questions que dans la dynamique de la lutte des classes. Il n'y a pas de recettes.

UN INCIDENT SECONDAIRE EN MARGE DE LA REUNION

Avisant un militant du cercle « Mouvement communiste » qui passait par là, je me fais engueuler par icelui qui me reproche de les avoir qualifié de « terroristes », ce qui peut aider la police. Je réponds que je les ai qualifiés de « terroristes rouges » en référence à leur ancienne théorie, commune à presque tous les gauchistes et ultra-gauches, repiquée à Trotsky et à la révolution française, nullement en les assimilant au terrorisme islamique. Il est vrai que parfois mon clavier a pu fourcher, mais je ne dénonce personne, je me moque d'une théorie caduque pour gagner le prolétariat à la révolution. Si tel a été le cas, c'est parce qu'on m'a informé que ce groupe avait sorti une brochure où ils annonceraient avoir abandonné le marxisme-léninisme et l'exemple de la révolution russe ; ce que je trouvais fort le café pour un groupe assez arrogant et ventripotent de verbiage intellectuel violent pour rameuter les masses. Renseignement pris, la brochure est introuvable auprès du libraire qui m'en avait parlé, et qui est devenu évasif sur le sujet ! Invention d'un ex-concurrent maoïste ? A suivre.
Revenons aux textes même du « mouvement communiste », sponsorisés comme textes classiques sur le fascisme par le révérend Yves Coleman, procureur anti-raciste à ses heures, et pourfendeur de la xénophobie des « souchiens » et du FN qui serait un parti « fâchiste ». Le texte des MC est hyper-gauchiste confus, complètement étranger à la tradition de la Gauche communiste. On y voit poindre le nazisme derrière chaque pet de la démocratie bourgeoise. L'infantilisme navrant sourd de phrases redondantes et potaches  et de curieuses conceptions :
                    nous allons vers « une militarisation rampante du rapport social de production (…) vers un national-socialisme à la française ».
                    le fascisme s'appuie sur toutes les couches de la société
                    sa base prolétarienne est constituée par des chômeurs, des prolétaires, des paysans en uniforme démobilisés et déclassés.
Des notions qui fleurent bon un modernisme mâtiné de marxisme-léninisme gratiné fleurissent un peu partout dans un discours hallucinant de menaces et d'affirmations outrancières. C'est quoi « la communauté du prolétariat mondial » ? C'est où « gagner la guerre contre le fascisme? ». C'est pas fasciste l'affirmation suivante : « le prolétariat ne doit pas s'encombrer donc de la défense de la démocratie contre le fascisme ». Toutes les formules sont ambiguës, semblent plagiées sur Bordiga, mais là où Bordiga exprimait un point de vue, souvent avec humour et doute, on assène ici des dogmes sectaires, avec l'argument de « l'autorité du parti », du « devoir ». Très militaire tout cela... Le révérend Coleman et ses rudes combattants de la phrase radicale, pionniers d'une analyse du fascisme comme produit de la classe ouvrière, ne seraient-ils pas nos nouveaux fascistes, en herbe ?
Je ne veux pas les accabler d'épithètes, il me font pitié, je regrette simplement de les avoir cités il a 15 ans dans mon livre sur l'histoire du nazisme (Cahiers Spartacus) comme référence parmi les groupes politiques plus clairs sur la nature du nazisme. Ils ne sont pas clairs du tout.






AJOUTS SUBSIDIAIRES HORS DE LA REUNION :

La collusion avec l'expansion de la joyeuse tolérance à l'expansion de l'islam est ouvertement chantée par Y.Coleman dans sa dernière revue. On fait semblant d'oublier que les pays colonisateurs se sont sentis floués après la décolonisation, non seulement de la privation de matières premières, mais de prolétaires, c'est pourquoi il a fallu revoir les politiques d'immigration et arrangements qui vont avec (accompagnement et financement des aliénistes religieux).
Listant les concessions religieuses faites  l'Etat bourgeois néerlandais, qu'ils estiment insuffisantes, Y .Coleman nous fournit la liste de ces « victoires » de la démocratie :
                    les musulmans hollandais sont mieux organisés puisqu'ils contrôlent 206 moquées sur 453 (n'en déplaise aux islamophobes et aux racistes!)
                    prise de jours de congé pour motif religieux ;
                    égorgement rituel seulement (sic!) une fois la semaine ;
                    enseignantes autorisées à porter le voile dans les écoles publiques tout comme les gardiennes de prison ;
                    droit de prier sur le lieu de travail pendant le ramadan ;
                    droit de construire des moquées (plus facilement qu'en France (sic) ajout de YC)
                    droit au nom de la liberté d'expression pour les imams de tenir des discours homophobes, la justice néerlandaise considérant ne pas avoir à se mêler des questions...religieuses :

Le procureur immigrationniste YC dénonce à cet égard « l'intolérance du hollandais de souche », et un « racisme institutionnel » qui seraient les causes du retour à la religion. Le multiculturalisme estime obligatoire de développer les mosquées pour « libérer les musulmans ». La politique de l'Etat hollandais reste un mélange de concessions sournoises et de répression « raciste » selon le révérend YC.
Il déplore certaines mesures « outrancières » à son goût, telle celle de la municipalité d'Utrecht ait décidé de supprimer les allocations chômage aux porteuses de la burqa. A côté de son étalement de compassion pro-islamiste, YC se veut en même temps critique, surtout de la religion catholique... : « Les religions évoluent, ce qui ne les rend pas moins nocives » ; il se veut rassurant, contre la tendance générale : « la plupart des sociétés sont en voie de sécularisation ». Puis, pape moralisateur, antéchrist antiraciste primaire, le voila-t-il pas qu'il fait la leçon aux anarchistes et aux marxistes : « nous ne vivons plus au temps de Galilée ». Dans les deux cas, chez le doux révérend Coleman (ex-chefaillon de LO) et nos rudes insurrectionnalistes du verbe, c'est la même hyper violence pathétique contre des ennemis imaginaires, et dans le cas de l'hypocrite révérend, complètement dans les voiles de l'Etat bourgeois.







[1][Après lecture ce tract m'apparût le meilleur qui ait été produit en date du 15 septembre parce que centré justement sur la question de la guerre, meilleur même que celui du groupe « Révolution ou guerre » (GIGC groupe international de la gauche communiste) : Exode massif sur tous les continents : ce sont nos frères de classe que le capitalisme assassine, le 5 septembre ; qui est critiqué sur ce blog)]. Néanmoins ce genre de tract contient un défaut : il est cloné sur les bulletins de boite de la maison mère LO (aïe les droits d'auteur...), il est personnalisé à chaque entreprise où il est diffusé, avec au dos des « échos de la boite » où il est diffusé, celui-ci porte l'en-tête « Hôpital public », concession sans doute au néo-bolchevisme trotskien qui veut assurer qu'il est bien implanté dans la classe ouvrière, ou qui se donne l'illusion qu'il aura ainsi plus l'oreille des masses de la corporation indiquée comme marque de lessive en chapeau de tract ; et vous imaginez la joie de l'ouvrier neuneu de base : « ouah un tract révolutionnaire qui parle de MA boite d'un côté et de l'autre de la situation internationale » !

[2]Ce qui m'apparut ultérieurement contradictoire avec le contenu (très bien) de leur tract, dénonçant la responsabilité des puissances occidentales.
[3]En entendant cette intervention assez externe au marxisme – les guerres impérialistes sont des compétitions entre grands Etats ou blocs rivaux – je repensais à cette autre hérésie, celle de Vercesi/Perrone (le grand animateur de BILAN) qui pensais que en 39-45 le prolétariat avait disparu ! Deux dérapages opposés en quelque sorte. Je réfléchissais au cour de cette réunion au fait que la question des réfugiés, de l'aide aux réfugiés peut conduire à la compromission politique. Le grand théoricien intransigeant de la Gauche italienne en Belgique (alors que Bordiga ronflait dans l'île où Mussolini l'avait emprisonné) Perrone, en se portant à la présidence du comité pour l'aide aux réfugiés italiens à la fin de la guerre en Belgique, fût salué par la presse bourgeoise comme un grand homme, dans l'union nationale charitable et pleurnicheuse.