"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

jeudi 19 novembre 2015

UN MILIEU MAXIMALISTE REVOLUTIONNAIRE DANTONESQUE


Le milieu maximaliste brille par sa dispersion et des carences d'analyse évidentes, doublé d'un attentisme stupéfiant. Excepté le Pcint qui a pris position très rapidement, avec une tonalité de facture classique, assez généraliste et loin d'une analyse basique des formes actuelles de l'impérialisme, qui n'est pas convaincante pour le prolétaire lambda;
Rien de la part de la secte CCI (qui par le passé prenait position rapidement dans les moments graves) dans une désaffection théorique et organisationnelle proche de la décomposition létale. 
Que de billevesées prétentieuses et creuses du côté des « fractions » ou autres qui hélas, avec une arrogance calamiteuse (« on vous l'avait bien dit » ou « c'est la faute au capitalisme ») ne disent ni n'expliquent rien. La palme du bêtiser politique 2015 revient au GIGC qui, reprenant l'argument imbécile et fumeux des Hollande-Valls, vient rafler de justesse la médaille de meilleure phrase opportuniste du mouvement révolutionnaire embaumé : « Dans l'attente d'une position plus élaborée » ! Et de nous ressortir leur communiqué de janvier 15 sur feu Charlie ! On trouve là en effet la théorie en sarcophage du CCI embaumé d'il y a vingt ans, mais qui n'est pas seulement hors réalité mais valide l'argumentaire bourgeois du « nous sommes en guerre », sans être capable de nous expliquer de quelle guerre il s'agit ! Une guerre coloniale ? Non, plus de colonies. Une guerre impérialiste ? Non, le prolétariat n'y est pas engagé comme tel. Une guerre humanitaire (contre un terrorisme opaque), certainement pas. Une guerre de rapine pétrolière ? Mais alors qui est au service de qui ? Une guerre contre le dictateur Assad ? Mais au profit de qui ? Une guerre aux côtés des gangs terroristes concurrents de Daesch ? Une guerre contre un Etat... qui n'existe pas !

Il conviendrait sans doute, s'ils étaient capables d'un peu de discernement,  de qualifier d'expéditions militaires hasardeuses les décisions interventionnistes de l'Etat français sous les Sarkozy puis Hollande, dans un contexte mondial où la guerre mondiale est encore impossible. En réalité les quelques individus ou couples qui composent le maximalisme, ne disposant pas du cadre d'analyse et de réflexion d'un véritable parti de classe, sont désarmés et bredouillent ou radotent des généralités. Ils n'ont aucune prise sur la réalité et complexité des rivalités et complots des compétiteurs capitalistes ; une réalité complexe qui nécessite non pas de crier aux « méchants capitalistes » mais de surligner le risque rapproché d'un nouveau chambardement économique qui, seul, peut expliquer l'accélération des présentes tensions terroristes, planifiées par les grandes puissances. 
L'homme de la rue est plus lucide que nos révolutionnaires archivistes! Nombre de ceux avec qui j'aime à discuter déplorent la manipulation régnante, les soudaines découvertes de caches terroristes au lendemain des attentats alors que "vigipirate" veillait comme jamais; ils ne croient pas non plus que Daesch soit enrichi avec quelques bidons d'essence vendus en catimini à la Turquie, ni que la religion musulmane est "profondément" pacifique, et les réfugiés autre chose que des victimes...

Nier la notion généraliste de « guerre » - mondiale au demeurant – est primordial, ce qui signifie que le prolétariat n'est pas mobilisé pour icellle. La place majeure prise par le spectacle du terrorisme, sanglant et pas très aveugle (sont visés essentiellement les civils innocents pas les sièges des trusts capitalistes), plus l'apologie des polices, confirment qu'il faut « mobiliser le prolétariat », donc qu'il ne l'est pas encore en dépit de toutes les pleurnicheries nationales. ET qu'il faudra encore plus de sang et de larmes pour le convaincre de transmuer son pacifisme attentiste en désir de boucherie vengeresse. C'est pourquoi, optimistes dans la volonté de persuasion, des ministres bourgeois nous informent qu'il faut s'attendre aux gaz ! Dans le même sens que le premier d'entre eux avait affirmé dès janvier... que cela durera longtemps... jusqu'à ce que le bourrage de crâne et de TNT puissent enfin avaliser une nouvelle défaite historique du prolétariat, enfin convaincu de "partager" la barbarie capitaliste ! En attendant les prochains attentats criminels des fous du capitalisme, nos révolutionnaires n'élaborent pas grand chose. Ils s'attendent à élaborer, devant leur écran blanc. Ils sont aussi nombreux que la cariole de Lénine à Zimmerwald mais pas capables de la hardiesse théorique de cet immense théoricien.

ANNEXE LAMENTABLE :

extraits du site Révolution ou Guerre :

Massacre et terreur aveugle à Paris : le capitalisme, c’est la guerre impérialiste ! (14 novembre 2015) (ouaf la trouvaille inédite! notule de jlR)


Plus d’une centaine de morts, des centaines de blessés, (…) Ils (série d'attentats sanglants) répondent à l’intervention massive et brutale des principales puissances impérialistes en Syrie. À leur tour, ces attentats vont relancer encore plus la guerre et les rivalités impérialistes en particulier au Moyen-Orient, avec leur lot de tués, de misère et de populations contraintes, pour survivre, de fuir la guerre et de migrer. Une fois de plus, la réalité macabre vient confirmer la vieille position du mouvement ouvrier et du marxisme : le capitalisme, c’est la guerre. Aucune paix n’est possible tant que cette société de misère et de mort ne sera pas mise à bas. Dans l’attente d’une prise de position plus élaborée sur ce qui vient de se passer à Paris, nous republions notre position suite aux attentats contre Charlie Hebdo et le magasin kacher du 7 janvier 2015 à Paris dans laquelle nous affirmions que « plus le capitalisme s’enfonce dans la crise économique et dans les rivalités impérialistes guerrières, plus le terrorisme se développera et frappera les populations innocentes ». La réalité du monde capitaliste n’a fait que confirmer, ô combien, notre affirmation d’alors.
Le GIGC, 14 novembre 2015.

Cette poignée poignante de malheureuses veuves du CCI nous renvoie à la TCI (tendance communiste internationale, référence groupale archéologique) sur le site de laquelle brille un titre d'une originalité dantonesque hallucinante: « Barbarie, barbarie et encore plus de barbarie »1, avec en prime une imitation du slogan lamentable de janvier : « je suis prolétariat international » ; j'aurais plutôt proposé à ces comiques italiens : « je n'emporterai pas l'internationalisme à la semelle de mes souliers ».
Le fond de la dénonciation de la guerre en général par un certain Fabio Damen n'est certainement pas mauvais mais reste vague et confus. La traduction en français est malheureusement un massacre sémantique, plus barbare que le capitalisme, plus pitoyable qu'un écrit de Zola, autant que l'argumentaire est une ridicule copie du bourrage de crâne médiatique : « La barbarie de Daesh procède de ses intérêts économiques et politiques, ceux d'un État impérialiste naissant prétendant défendre les masses défavorisées qui ont accepté sa religion comme la seule voie de salut et ont vendu leur dignité en tant que classe exploitée en ce monde pour un hypothétique bonheur après leur mort ».

Que nos dantoniens daltoniens cessent de regarder la télé !

Daesh n'est pas un Etat en construction, mais un marais de bandes armées dont les commanditaires restent opaques. C'est une fabrique de la fausse opposition civilisation capitaliste/arriération musulmane, comme hier libéralisme/stalinisme. L'équation simpliste visant encore une fois à éliminer la seule équation historique crédible : capitalisme/communisme.

Le milieu maximaliste actuel ne négocie pas en secret avec la contre-révolution comme cela était supposé avec l'opportuniste Danton, mais risque comme tel, avec le rabâchage des vieilles formules élimées de finir, hélas, comme tous les opportunistes de l'histoire, kiki coupé ou kaput théoriquement et politiquement.

Je préfère le vrai Danton à ses pâles imitateurs anonymes: « L'opinion publique est une putain, la postérité une sottise ! ».


1La formule bien connue de l'orateur Danton était celle-ci : « « il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France sera sauvée ! »; un méchant potache pourrait traduire de l'italien damenesque: "il nous faut de la barbarie, encore de la barbarie, toujours de la barbarie, et l'internationalisme sera sauvé!".

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