"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

vendredi 17 mai 2013

L’APOLOGIE DE LA PERVERSION ELECTORALE PAR LA HAUTE BOURGEOISIE



"Dans la vie, pour réussir, il faut posséder la fortune, ou une situation élevée. Il faut pouvoir dominer ceux qui sont passibles de vous causer des tracas et leur imposer votre volonté".
Sur cette lancée, le fameux criminel docteur Petiot se présente aux élections municipales, sous l'étiquette socialiste. Avec 800 voix sur 1 000, il est élu. Il a vingt-huit ans.


Le Figaro, organe primaire de la haute bourgeoisie explique comment les électeurs sont devenus pervers à leur tour (surtout les riches de la droite caviar), comment ils jouent le jeu pour faire battre n’importe quel candidat de la gauche, qui sont donc très nombreux à voter Le Pen quand les sondeurs arnaqueurs sont payés pour faire croire que ce sont les ouvriers qui s’abaisseraient pour le parti national-naze. Parmi les truands qui ont le culot de se représenter SANS VERGOGNE, le lèche-botte Figaro oublie involontairement les Sarko, Pasqua Tron (lavé par la justice de classe) et tutti pourri. Comme quoi la bourgeoisie, sans avoir besoin de psy, est en droit d’étaler son total mépris et un cynisme sans limite face au bétail électoral.
« La mise en examen de Jérôme Cahuzac pourrait ne pas l'empêcher d'être candidat à sa propre succession au poste de député du Lot-et-Garonne. L'occasion pour des psychanalystes, spécialistes de la tromperie, d'expliquer pourquoi les électeurs peuvent voter pour des hommes politiques qui ont triché.
Légalement, Jérôme Cahuzac pourrait être candidat à sa propre succession au poste de député du Lot-et-Garonne, lors de l'élection législative partielle de juin prochain. Après sa mise en examen pour blanchiment de fraude fiscale d'avril dernier, il pourrait surtout regagner la confiance des électeurs. Les sondages le laissent supposer. Comme Patrick Balkany ou Jacques Mellick avant lui. Des hommes politiques réélus après avoir triché: le paradoxe ne surprend pas Alice Massat. Cette psychanalyste s'est penchée, dans son livre Le Succès de l'Imposture (éditions Odile Jacob), sur les méthodes des imposteurs. Pour elle, les déboires juridiques et autres condamnations peuvent même parfois jouer en la faveur de ces hommes politiques qui ont triché: «il y a un côté voyou, arnaqueur, qui peut finir par les rendre sympathiques».
Alice Massat file la métaphore: «pour les citoyens, les politiques peuvent être comme les méchants des films ou des séries pour les spectateurs». Ils ont beau être fraudeurs, ils «dégagent quelque chose de séduisant». Une «empathie» qui rapproche ces tricheurs des électeurs. Ce que confirme Roland Gori, psychanalyste marseillais, professeur de psychopathologie clinique à l'Université d'Aix-Marseille. Il a consacré un récent ouvrage à l'imposture, La fabrique des imposteurs (éditions Les liens qui libèrent). «Dans le cas de Jérôme Cahuzac, les gens vont plutôt admirer son audace, la façon dont il a cherché à s'en sortir, dit-il. C'est la même fascination que pour les sportifs qui gagnent, qu'ils trichent ou pas». Ou celle pour Bernard Tapie, condamné pour fraude fiscale ou dans l'affaire du match de football truqué Olympique de Marseille-Valenciennes... mais toujours populaire.
L'étonnante amnésie des électeurs
Au-delà de l'affaire Cahuzac, trop récente, Alice Massat et Roland Gori avancent, pour expliquer que des électeurs glissent dans l'urne un bulletin portant le nom d'un tricheur, «l'amnésie». Un oubli des faits, qui, selon Roland Gori, s'expliquerait par le «flot d'informations» proposé au public. «Cela place les gens dans l'instant, et les empêche de se constituer une mémoire», poursuit-il. D'où la rapidité à tourner la page… Les deux psychanalystes évoquent aussi le mea culpa télévisé de Jérôme Cahuzac. Une confession, inédite en France, qui évoque plutôt celle de Bill Clinton à la télévision américaine. Cette «belle performance», sourit Roland Gori, révèle, selon lui, que «les gestes comptent davantage que la parole». Et ils s'oublient bien plus rapidement que les mots. Surtout ceux des hommes politiques, dont la «parole est dévaluée», estime-t-il. Pour Alice Massat aussi, Jérôme Cahuzac devant les caméras, «cela a beaucoup joué». Sa confession, l'a, poursuit-elle, «assimilé à un acteur». Une mise en scène, qui, dit-elle encore, «place le public dans une position de spectateur». Et les gens qui y assistent ont «l'impression d'être devant quelque chose d'un peu surréaliste, entre la fiction et la réalité». Ce qui met de la distance et, surtout, «aide à tourner la page».
Autre explication: oublier, c'est parfois pardonner. En tournant la page, les électeurs, avance Alice Massat, ont parfois l'impression d' «absoudre» le fraudeur. «Ils se disent qu'en pardonnant à celui qui a triché, ils se pardonnent à eux-mêmes de petites transgressions. Cela peut-être griller un feu rouge, ou tricher sur un C.V.».

Je n’attends rien des idéologues de la haute bourgeoisie, voici ce que j’écris concernant la psychologie électorale en introduction à mon dernier livre : « La religion électorale).
« Le lecteur croyant qui cherchera ici des raisons de voter en connaissance de cause, dans le cadre de la démocratie représentative bourgeoise, n’en trouvera point, mais que celui qui est persuadé de l’inutilité de participer au cirque électoral se garde de penser qu’il pourrait garder une conscience tranquille après ce qu’il va lire, qu’il se détrompe, voire cesse sa lecture ici même. Je n’ai pas plus d’estime pour l’électeur croyant que pour l’abstentionniste athée, tous deux ne sont que des bêtes à concours simplet d’un ordre qui se fiche d’eux. Ils croient l’un comme l’autre au « libre-arbitre » individuel : l’un a pour dieu l’Etat et l’autre son nombril. Or tout est décidé d’avance, l’individu civil n’existe pas et tout le reste n’est que propos de bistrot. L’électeur est aussi moutonnier que l’abstentionniste est élitaire, autant dire qu’ils ne gênent personne. L’électoralisme apparait comme une question de personnes quand il est géré d’une manière étatique ultra-organisée, compartimentée et, très opaque, ultra financée. Je ne chercherai point à convaincre quiconque de ne pas ou plus aller voter. Je m’en fiche. Les séances rituelles de la démocratie représentative sont comme les moments de la météo : on n’y peut rien et on est bien obligé de subir la pluie quand le soleil est caché derrière les nuages. La mystification électorale a été tant de fois démontrée sans jamais convaincre ses millions de fidèles, toujours prosternés qu’il faut se poser la question : pourquoi des arguments simplement rationnels, chiffres et scandales à l’appui (même hors période électorale) laissent de marbre « démocratique » tant de gens, voire les hérissent quand ils ne se mettent pas à vous insulter et à vous vouer aux gémonies, autrement dit à vous accabler de ce mépris antique pour infidélité à la croyance dire républicaine ? A Rome, les gémonies étaient l’escalier sur lequel on exposait aux outrages du public les corps des condamnés qui avaient été étranglés dans la prison; de là, on traînait ces corps avec des crocs dans le Tibre. De nos jours capitalistes, en Europe comme en Afrique du Nord, comme en Russie terroriste, comment comprendre la précipitation des foules lors du pontifical dimanche électoral malgré et avec le traditionnel bourrage des urnes, parabole moderne des gémonies, quand, spectacle outrageant, les puissants s’étranglent de rire, en catimini.
L’explication est simple : parce qu’ils sont inconscients.
Inconscient (de in-, préfixe privatif, et conscient, composé du préfixe con-, « avec », et de scientia, « le savoir »)  est un adjectif qui manifeste un manque de réflexion ; il est en outre depuis la fin du XIXème siècle un concept de psychologie qui désigne l'activité psychique se déroulant hors de la sphère consciente dans l'esprit de tout bipède humain. Le concept est rarement utilisé en politique. Marx en fût pourtant un des inventeurs oubliés… et ses analyses sont plus souvent qu’on ne s’en aperçoit une psychologie des profondeurs abyssales des mystifications politiques dominantes.
Le célèbre psychiatre Lacan lance, le 17 mai 1967, la phrase provocatrice « L’inconscient, c’est la politique1», il ne se situe pas simplement dans la lignée freudienne, contrairement à l’interprétation courante et étriquée. Il reprend les géniales anticipations de Marx. Ce dernier, dès 1844 entrevoit que l’histoire de l’industrie a ouvert grandes les forces essentielles de l’homme : « la psychologie humaine devenue matériellement perceptible ». Pour J.Gabel, Marx est un des fondateurs de la « psychologie politique ». Marx est le premier à définir le travail comme « aliéné » mais pas seulement en tant que servitude, mais aussi comme « dépossession ». A l’époque, dans la vie courante du prolétaire, comme au moment des élections démocratiques aujourd’hui : « l’ouvrier se dépouille de son individualité »[1].
Malgré tous les efforts oratoires et municipaux des léninistes, des staliniens et des trotskystes pendant des décennies pour défendre la « tribune parlementaire »[2], celle-ci n’est plus depuis des décennies qu’une coquille vide, une arène pour politiciens qui n’empêcha ni une Deuxième Guerre mondiale, et qui ne favorisa en rien l’affirmation « politique » et « sociétale » du prolétariat depuis, qui ne laissa en général que des strapontins pour pantins impuissants à conjurer la victoire de la contre révolution stalinienne, la victoire du nazisme et l’embrigadement républicain dans la guerre mondiale. Les années passèrent (un demi-siècle jusqu’à l’an 2000) sans que la tribune parlementaire ne fasse entendre une véritable voix révolutionnaire ou ne lui serve d’écho tangible. Le mythe de la tribune parlementaire servit cependant pleinement, tel un récurrent rocher de Sisyphe, à communiser, pardon communier dans l’attraction céleste des masses à la religion représentative, formidablement remise en selle par la victoire des « Alliés » sur le nazisme puis par l’effondrement du « bloc totalitaire » vers la fin du siècle des plus belles entourloupes politiques planétaires et, permettez-moi de le répéter, démocratiques.
Entretemps il y eût l’invention de la télévision qui devint, elle, la véritable tribune de la classe dominante. La télévision et les multiples canaux médiatiques du pouvoir bi-séculaire de la bourgeoisie mondiale prirent la place dévolue aux parlements de jadis qui n’ont plus été le centre de l’intoxication-désorientation-mystification. La psychologie de la télévision et des médias en général fût depuis lors bien plus prégnante que les religions compartimentées quoique toujours ergoteuses et sous-jacentes au pouvoir d’Etat ...




[1] Manuscrits de 1844.
[2] Le pape du marxisme Kautsky prétendait qu’il fallait utiliser la voie parlementaire pour mettre l’appareil d’Etat « au service de classes exploitées » ;

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