"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

lundi 9 mai 2011

LE FEUILLETON BEN LADEN ET ALLAHOU AKBAR DANS TA GUEULE


LE FEUILLETON BEN LADEN ET ALLAHOU AKBAR DANS TA GUEULE

Sont bien les deux principaux obstacles dressés face aux populations en colère du croissant arabe. Après le scoop du meurtre autorisé de Ben Laden, sa triste fin de pépère devant sa télé en train de regarder les films super 8 de sa notoriété passée, il se serait servi d’une femme comme bouclier, et ce poltron aurait même expédié une lettre anonyme méchante à Obama.
Le ridicule ne tue toujours pas et c’est bien dommage. La bourgeoisie US est en train de préparer une réorientation stratégique dont on ne peut encore saisir tous les aboutissants. Comme l'assassinat de Guevara en 1967 (sponsorisé par la CIA) mit un terme à l'idéologie du "terrorisme de libération nationale" (un héros mort est plus utile à la mythologie gauchiste ou salafiste qu'un héros vivant, surtout pépère).
Pour l’heure, l’assassinat médiatisé et glorifié du « plus grand criminel de l’histoire » (certes après Lénine et Hitler), n’intéresse pas grand monde depuis l’extinction des lampions la semaine passée. Quoique l’on ait appris que ce salaud de Oussam qui végétait dans son petit harem, ne rendait pas les ballons des enfants qui chutaient par-dessus ses murs gardés par la fine fleur des services secrets pakistanais… ce qui est un comble de méchanceté et la preuve définitive que ce type a fait tomber deux gratte-ciels, même si c’est Saddam qui a tout pris dans la gueule.
En Egypte, les exactions des frères en fondamentalisme neu neu ont tué près de dix coptes ce weekend sur la base de rumeurs prétendant qu’une femme était séquestrée dans une église copte contre son gré. On ne sait pas si les coptes mangent les enfants de confession musulmane, mais on ne doute pas un instant ici sur l’instrumentalisation de la débilité religieuse prédominante en Egypte. On en a honte au souvenir des courageux manifestants de la place Tahrir. Ce crime moyenâgeux profite à l’armée bourgeoisie non dissoute qui monte sur ses ergo et vient prétendre « rétablir l’ordre » alors qu’elle ne fait que fomenter le désordre au profit du prébendier US. Rien ne sera jamais possible avec les terroristes soft ou hard de l’islamisme, ni unité d’action contre la fraction bourgeoise au pouvoir ni tolérance républicaine pour leurs partis de chiasse et de charia. Mais, comme l’anti-terrorisme des puissants qui a un coup dans l’aile, une grande partie de la jeunesse et des prolétaires de l’Iran à l’Egypte ne veut plus de ces terroristes coraniques.
La mise en avant des tarés islamistes au premier plan, comme l’attentat de Marrakech, comme les meurtres répétés en Syrie (avec le soutien de l’UE au boucher Assad), comme la guerre immobilisée en Libye, constituent la réponse répressive et cynique des maîtres du monde à la colère et aux attentes des masses frappées par la crise et réduites à réagir par la démerde individuelle ou l’émeute contre productive.
Il faut noter cependant, pour soutenir nos camarades inconnus des minorités de prolétaires de ces pays et les éléments révoltés des classes intermédiaires, que la potentialité de la lutte sociale n’est pas éteinte dans l’arc de cercle de l’Afrique du nord, ainsi que le montrent les exemples de la Tunisie et du Maroc.Partout la bourgeoisie, de la Tunisie à la Syrie,s'efforce de fomenter une guerre confessionnelle, meilleure trouvaille moderne pour handicaper l'union grandissante du prolétariat.

Le coeur de Tunis a été le théâtre d'une confrontation entre manifestants anti-gouvernementaux et policiers au lendemain de l'imposition d'un couvre-feu au nom des « promesses démocratiques ». Ces émeutes ont de tout autres mobiles que l’espoir d’élections libres dans la banlieue pauvre de la capitale tunisienne. A Ettadhamen, banlieue dite défavorisée, des bandes de jeunes se sont livrés à des pillages et saccages dans la nuit malgré le couvre-feu. Ce réflexe n’est pas en soi le reflet d’un haut niveau de lutte de classe, mais on peut le comprendre et surtout pas le condamner. Et c’est qui condamne ? Ben voyons les frères en coranie qui se sont mobilisés pour tenter de rétablir l'ordre en l'absence d'intervention des forces de l'ordre, selon des habitants. Là où la CGT est absente, les cordons policiers islamistes répondent présents. Dans le centre de Tunis, la police a fait ensuite usage de gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui s'étaient réunis pour la quatrième journée consécutive. Au nombre d'environ 200 sur les marches du théâtre municipal et avenue Bourguiba, ils ont entonné à plusieurs reprises l'hymne national (pour se protéger de l'accusation d'être la main de l'étranger plus que par la croyance à une solution nationale) avant de scander des slogans hostiles à la police bourgeoise. Mais les manifestants qui réclament plus des emplois après la chute du régime autoritaire de l’arbre Ben Ali, le 14 janvier dernier, ont scandé des slogans très « classe » : "gouvernement dégage", "flics, bande de lâches". Nouri Bouzid, célèbre cinéaste, a décidé cette semaine de porter plainte contre Le mouvement Ennahda (Parti de la Renaissance), à tendance islamique. Lors d'un meeting tenu le 17 avril dernier par le mouvement Ennahda, un militant islamiste tunisien a parlé du cinéaste en disant « si je le pouvais, j'userai de la kalachnikov contre Nouri Bouzid ». Vendredi 6 mai, une manifestation de militants islamistes a été organisée sur le lieu du spectacle pour le perturber ou l'annuler au motif que ces activités sont contraires à la morale islamique... Malgré les intimidations, l'intérêt du public tunisien pour le ballet de Sihem Belkhodja n'a pas été démenti. Le réalisateur tunisien Nouri Bouzid a déjà été agressé, le mois dernier, par un inconnu, non loin de chez lui, alors qu'il discutait avec des jeunes étudiants. Un témoin oculaire a déclaré que l'agresseur, un homme barbu, lui a asséné un coup sur la tête avec une barre de fer en criant "Allahou Akbar"... Sur le modèle du Front islamique du salut algérien, Le mouvement Ennahda a toujours utilisé la violence contre moyen de revendication politique. Plusieurs actes violents ont été imputés au mouvement : il lui est reproché l'incendie, le 18 février 1991, du local du comité de coordination du Rassemblement constitutionnel démocratique à Bab Souika et qui a fait deux blessés graves, dont l'un décéda une quinzaine de jours plus tard. En février dernier, le mouvement islamiste tunisien a reconnu sa responsabilité dans l'incident de Bab Souika qualifié « d'erreurs individuelles commises par certains jeunes du mouvement qui étaient victimes de répression, faute de l'absence des leaders, contraints à l'exil ou emprisonnés ». Suite au "printemps arabe" Ennahda a obtenu sa légalisation, après trente ans d'interdiction, le mouvement veut implanter en Tunisie la charia, la loi islamique. Ceci est l’expression de la « tolérance » des amis de Ben Ali toujours au pouvoir, et de leurs amis américains qui ont toujours su associer les pires sectes religieuses au pouvoir policier.
La légalisation d'Ennahda découle d'un jeu d'apprentis-sorciers. La nouvelle mafia politico-militaire en Tunisie voudra profiter de la victoire de ce parti pour faire un coup d'état et ainsi se crédibiliser aux yeux de l'opinion nationale et internationale. Je m’associe à ce blogueur tunisien qui dit que tant qu'il est encore temps, si les tunisiens veulent sauver leur pays, ils doivent manifester en masse et sans interruption pour la dissolution d'Ennahda (qui fait le jeu de la prochaine dictature militaire à venir). Il faut désamorcer le complot dès maintenant.
Désamorcer les complots, ou plutôt les politiques clairement répressives dans tous ces pays, sera dur.
La manifestation de Marrakech visait à dénoncer l'attentat de la semaine dernière et réclamer que la population ne soit pas victime des tueurs de l’ombre, mais pas seulement.

Des milliers de personnes réunies dimanche à Marrakech, dans une manifestation autorisée par l’anti-terrorisme gouvernementale, ont scandés : «Un roi qui règne mais ne gouverne pas», «Pour une nouvelle constitution», ou on pouvait lire sur les pancartes : «Justice sociale», «Non à la corruption», par beaucoup de membres du Mouvement de contestation du 20 février. Ils étaient 7000 selon un journaliste de l'AFP et entre 2500 et 3000 selon le ministère de l'Intérieur. Partis du centre de la ville, le cortège, qui réclamait aussi la fin du terrorisme, a rejoint la place Djema'a el-Fna, où une bombe avait fait 17 morts dont 13 touristes étrangers. Il s'agit de la quatrième manifestation de grande ampleur que connaît le pays depuis le début du soulèvement des couches moyennes. Le 9 mars, après la première manifestation du 20 février (qui a donné son nom au mouvement), le clown Mohammed VI avait annoncé des réformes constitutionnelles visant notamment à renforcer le rôle du premier ministre issu des urnes, ce qui était la façon la plus arrogante de mépriser les masses. Comme lors des précédents rendez-vous, les manifestants étaient principalement des jeunes, venus cette fois de plusieurs villes du royaume. En revanche, les islamistes étaient moins présents, contrairement à l’Egypte.
Cette manifestation au Maroc, prévue pour communier dans l’anti-terrorisme gouvernemental, n’est pas tombée finalement dans le piège de l’anti-terrorisme des Etats eux-mêmes terroristes, mais a prouvé que la répression et les complots terroristes ne suffiront pas à calmer la lutte des classes, qui tend à se profiler derrière les jérémiades démocratoques.

PS: parole de jeune prolétaire tunisien sans papier: "«Je sais que tout le monde se demande pourquoi les jeunes Tunisiens viennent en France alors qu'ils ont fait la révolution. En réalité, rien n'a changé là-bas. Ben Ali est tombé, mais le système, lui, est toujours là. Je voulais être libre, trouver un travail, c'est pour ça que je rêvais de venir en France», détaille Hakim (in Libé mardi).

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